Opéra de Paris 2020/2021 : nombreuses reprises pour la dernière de Lissner
Nouvelle productions
Trois nouvelles productions au moins ont dû être annulées, déclarait Stéphane Lissner, mais avant de partir pour Naples le directeur aura réussi à sauver sa Tétralogie : l'Opéra Bastille proposera ainsi en octobre-novembre les deux derniers épisodes du Ring de Wagner, Siegfried et Le Crépuscule des dieux, mis en scène par Calixto Bieito et dirigés par Philippe Jordan avec Martina Serafin puis Ricarda Merbeth en Brünnhilde, Andreas Schager en Siegfried, Julie Fuchs en Oiseau de la forêt. Tétralogie qui sera ensuite reprise en format Festival avec -par deux fois- les quatre opus dans la même semaine (Jonas Kaufmann reprenant pour l'occasion son rôle de Siegmund).
S'il aura bien sa nouvelle Tétralogie, le Directeur doit cependant renoncer à boucler sa nouvelle Trilogie Mozart-Da Ponte à Garnier : après Cosi fan tutte par Anne Teresa De Keersmaeker et Don Giovanni par Ivo van Hove, une nouvelle production des Noces de Figaro avait été envisagée. À la place Mozart sera défendu par une reprise de La Flûte enchantée version Carsen, avec Cyrille Dubois et Stanislas de Barbeyrac en Tamino, Julie Fuchs et Christiane Karg en Pamina, Sabine Devieilhe et Nina Minasyan en Reine de la nuit, ainsi qu'Alex Esposito et Florian Sempey en Papageno.
De même, le programme sauve deux créations mais en perd une. Stéphane Lissner pourra bien boucler son cycle de commandes sur de grands textes de la littérature française. Après Trompe-la-mort de Luca Francesconi d'après Balzac et Bérénice de Michael Jarrell d'après Racine, Garnier créera Le Soulier de Satin d'après Claudel, composé et dirigé par Marc-André Dalbavie, mis en scène par Stanislas Nordey, avec un fameux plateau français : Yann Beuron, Julien Dran, Éric Huchet, Nicolas Cavallier, Béatrice Uria-Monzon, Vannina Santoni, Jean-Sébastien Bou. Luca Pisaroni et Max Emanuel Cenčić seront également de la partie.
Paris donnera bien les 7 Morts de Maria Callas (en ouverture de saison), dont la création mondiale aura lieu le mois prochain à l'Opéra de Munich, mélangeant théâtre, cinéma, chant et performance, et marquant les débuts comme metteuse en scène de Marina Abramović. Le compositeur Marko Nikodijević compose cette musique originale (avec les extraits de sept rôles phares de Callas : Carmen, Tosca, Desdemona, Lucia, Norma, Madame Butterfly, La Traviata), tandis que l'acteur Willem Dafoe apparaît dans le film réalisé à cette fin.
Hélas, Fin de partie portera bien son nom : cet opéra créé en novembre 2018 par le compositeur György Kurtag d'après Beckett et mis en scène par Pierre Audi à La Scala de Milan aurait dû se rendre à Paris qui le coproduit : ce ne sera pas sous l'ère Lissner.
Dans un jeu de chaises musicales, le programme sauve La Dame de Pique nouvelle version signée Tcherniakov et dirigée par Daniel Barenboim (avec Brandon Jovanovich, Etienne Dupuis et Violeta Urmana), mais perd Jenufa qui aurait dû être mis en scène par un autre compagnon de route coutumier du mandat Lissner, Krzysztof Warlikowski. Faust échappe à la damnation, une nouvelle production de l'oeuvre de Gounod signée Tobias Kratzer sera chantée par Benjamin Bernheim/Stephen Costello, face au Méphisto d'Ildar Abdrazakov/John Relyea et avec la Marguerite d'Ermonela Jaho/Anita Hartig. Florian Sempey (Valentin) et Michèle Losier (Siebel) seront également de la partie.
Stéphane Lissner sauve également un événement qui s'annonce marquant pour sa dernière saison, une nouvelle production de l'Aida de Verdi, signée Lotte de Beer, qui verra une distribution idéale se dessiner sous la direction de Michele Mariotti : Jonas Kaufmann (Radamès), Sondra Radvanovsky (Aida), Ludovic Tézier (Amonasro) et Elīna Garanča en Amneris (ce qui annonce peut-être sa fin de carrière prochaine comme elle nous le confiait en interview).
Reprises
Créée pour la saison inaugurale de Lissner en 2014/2015, la Tosca de Puccini par Pierre Audi (et ici sous la direction de Giacomo Sagripanti/Dan Ettinger), mettra en avant le couple chouchou du public français, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak, face à Željko Lučić. Dans une autre distribution, Maria Agresta et Michael Fabiano affronteront Ludovic Tézier. Pour sa deuxième saison, le Directeur programmait un nouveau Trouvère de Verdi (par Alex Ollé) qui sera repris avec Brian Jagde/Yusif Eyvazov (Manrico), Krassimira Stoyanova/Marina Rebeka (Leonora) et Artur Rucinski/Luca Salsi (Luna), ainsi que Daniela Barcellona (Azucena) sous la direction de Nicola Luisotti.
Créée en 2004, mais reprise en 2016, la production de Capriccio de Strauss par Robert Carsen reviendra à Garnier avec Diana Damrau en Comtesse. De même, Iphigénie en Tauride par Krzysztof Warlikowski avait marqué les esprits dès 2006 et à sa reprise en 2008 mais également sous Lissner en 2016 car le scandale s'était transformé en applaudissements (principalement). Sous la direction de Thomas Hengelbrock, Véronique Gens interprétera le rôle-titre, face à Florian Sempey (Oreste), Stanislas de Barbeyrac (Pylade) et Laurent Naouri (Thoas).
Après ses débuts maison en 2017 puis sa reprise en 2019, la Carmen de Bieito revient une troisième fois sous Lissner, avec Vittorio Grigolo et Charles Castronovo (Don José) ainsi que Clémentine Margaine, Elīna Garanča et Varduhi Abrahamyan (déjà toutes trois interprètes de Carmen en 2017). La Fille de neige de Rimski-Korsakov par Tcherniakov (datant également de 2017) reviendra dans une enthousiasmante distribution internationale : Aida Garifullina (rôle-titre, comme lors de la création de la production), René Barbera (Tzar Berendeï), Marie-Nicole Lemieux (Dame Printemps), Oksana Dyka (Kupava).
Créé en 2006 et repris en 2018, L'Élixir d'amour par Laurent Pelly reviendra pour la septième fois, défendu par Xabier Anduaga, Julie Fuchs, Gabriele Viviani et Bryn Terfel (sous la direction de Riccardo Frizza).
Enfin, la production de La Traviata créée par Simon Stone en 2019 est reprise, avec Zuzana Markova, Frédéric Antoun et Peter Mattei dans les trois rôles principaux.