Théâtre du Châtelet 2020/2021, encore différent
Danse, opéra, féerie, musique, drame, tragédie, comédie, vaudeville et pantomime : tels sont les neuf cartouches figurant au plafond du Théâtre du Châtelet inauguré le 19 avril 1862. Depuis lors et de récente mémoire, cette institution était surtout devenue une référence dans le monde de l'opéra, puis de la comédie musicale. Mais le nouveau duo à la direction (Ruth Mackenzie et Thomas Lauriot-dit-Prévost) revient à la diversité d'origine, en parsemant sa saison d'hommages aux différents arts et aux marqueurs passés de la maison.
[Mise à jour du 28 août 2020 : Ruth Mackenzie est renvoyée du Châtelet]
Opéra et Musical
Lessons in Love and Violence, troisième et dernier en date des chef-d'œuvres du compositeur George Benjamin et de l'auteur Martin Crimp, signe le retour de l'opéra au Châtelet. L'œuvre s'y présente dans la mise en scène signée Katie Mitchell pour sa création mondiale à Londres et sa création française à Lyon (compte-rendu), c'est d'ailleurs l'Orchestre de l’Opéra national de Lyon qui accompagnera cette création parisienne. Evan Hughes sera le Roi Edward II, Georgia Jarman sa femme Isabel, Peter Hoare incarnera le séditieux Mortimer et Daniel Okulitch le séducteur Gaveston.
Autre genre emblématique des lieux, la comédie musicale américaine avait déjà fait son retour dès cette saison en cours avec la reprise d'une production iconique : Un Américain à Paris. La saison prochaine, il s'agira de 42nd Street (notre compte-rendu).
[Mise à jour du 17 septembre 2020 : en raison de la situation sanitaire, 42nd Street est reporté à la saison 2021-2022. Les deux représentations de La Chanson de Roland sont annulées. D'autres spectacles annoncés prochainement seront présentés durant cette période]
Troisième spectacle lyrique de la saison, une "Féerie lyrique et poétique au fil de l'eau" : Le Rossignol et autres fables, musique de Stravinsky mise en scène par Robert Lepage (une production créée au Festival d’Aix-en-Provence en 2010). Daniele Rustioni viendra à Paris diriger ses Orchestre et chœur de l’Opéra national de Lyon.
Après l'oratorio Saül de Haendel par Barrie Kosky cette saison, autre œuvre sacrée, désacralisée par la mise en scène de Calixto Bieito : la Passion selon Saint Jean de Bach (à nouveau portée par Les Talens Lyriques).
Un chœur sera également présent (composé de jeunes amateurs de Seine-Saint-Denis) pour la pièce Les Justes d’Albert Camus, adaptés en tragédie musicale par Abd Al Malik.
La Chanson de Roland a inspiré toutes les générations d'artistes depuis sa parution au XIe siècle (il n'est qu'à voir les madrigaux et opéras sur Roland ou sa traduction Orlando de l'autre côté des Alpes). Wael Shawky en tirera une fresque musicale-performance scénique ouvrant encore l'œuvre aux cultures, dans sa traduction en arabe classique de l'époque médiévale.
Musiques
La soprano Julia Bullock (notre compte-rendu de sa dernière prestation parisienne mise en scène) revient au Châtelet pour défendre une inoubliable figure musicale avec son hommage "Perle Noire" à Joséphine Baker, en compagnie de Tyshawn Sorey (percussions et piano) et dans la mise en scène de Peter Sellars.
Le Vol du Boli offrira "une plongée dans l’histoire de l’Afrique et de son rapport à l’Europe, du XIIe siècle à nos jours", composition musicale Damon Albarn (connu par le groupe Blur), livret & mise en scène Abderrahmane Sissako.
Le Théâtre du Châtelet qui organise également un Festival du Clip Musical, "24h de rencontres avec des vidéastes, des ateliers de danse, une exposition et des projections". Également à noter : "1000 ans de musique", des concerts itinérants et participatifs qui retracent dix siècles de musique à travers la capitale ou encore des Déjeuners-Concerts.
Danses
Anne Teresa De Keersmaeker dont la mise en scène chorégraphiée du Cosi fan tutte de Mozart tourne encore (réservez pour Garnier) s’attellera de nouveau à Bach, avec les Variations Goldberg par le pianiste Pavel Kolesnikov.
Le Châtelet inaugure un programme composé avec le Ballet national de Marseille, en l'espèce "quatre chorégraphes internationales aux univers pluriels et complémentaires : Lucinda Childs, Tânia Carvalho, Lasseindra Ninja et Oona Doherty, chacune d’elle incarnant une écriture chorégraphique emblématique et engagée."
Ensuite, "disséminés à travers les espaces du Théâtre, vingt danseurs réinterprètent des chorégraphies iconiques ou populaires, acclamées ou oubliées, qui ont nourri l’histoire de la danse (une conception de Boris Charmatz)".
Puis le "chorégraphe grec prestidigitateur des corps" Dimitris Papaioannou fera ses débuts maison en mêlant peinture, cirque, comédie, costumes, décors, lumière.
Théâtre
Mort à Venise sera mis en scène par Ivo van Hove, un artiste désormais fort représenté à l'opéra. Cette œuvre de Thomas Mann ne sera toutefois pas donnée dans la version lyrique de Benjamin Britten mais en pièce de théâtre, avec toutefois une mise en musique (Nico Muhly, Richard Strauss, Webern, Monteverdi, Schönberg, J.S. Bach interprétés par l'Ensemble intercontemporain, direction musicale Marzena Diakun).
OVNIs artistiques
Enfin, le programme s’agrémente de rendez-vous inclassables, mélangeant les genres et les formes. Une installation concept, film et scénographie : End Credits de Steve McQueen (en anglais non surtittré d'une durée de 21 heures -entrée en continu du public) sur la surveillance du FBI. Singing Trees pour embrasser des arbres dans le Jardin du Palais Royal sur une musique commandée à Pierre-Yves Macé (en co-création numérique avec le Louvre Abu Dhabi).
"Des étudiants de Sup de Sub, l’École Supérieure de l’autodidacte créée par Jean-Michel Bruyère à Marseille et en Seine-Saint-Denis, composeront successivement deux créations artistiques « multidimensionnelles », dans le cadre de leur formation" : Évaporée, avec des dents et Égale à la vie même.