Phaéton à l’Opéra de Nice : l’Orchestre et le Chant de Lully
“L'orchestre est un personnage très important, particulièrement dans Phaéton, rappelle et détaille Jérôme Correas (qui dirigera l’Orchestre Philharmonique de Nice tandis que son ensemble Les Paladins jouera le continuo), car au fur et à mesure de sa production, Lully l'utilise de plus en plus. Au début de son travail (dans Cadmus et Hermione par exemple), l'orchestre n'est présent que pour les chœurs et les danses. Lully prend ensuite de plus en plus plaisir à accompagner les moments importants des solistes par l'orchestre. L'orchestre prend de l'ampleur et amène à varier le discours : il n'est pas seulement un soutien mais un partenaire à part entière du soliste qui va s'exprimer différemment avec la basse continue ou l'orchestre. L'orchestre pousse le soliste à aller plus loin dans sa recherche d'expressivité et de force. Le fait que l'orchestre prenne de l'importance donne une dimension plus dramatique à cette musique. Ce répertoire de la tragédie lyrique est fascinant car c'est une boîte à sensation : on doit en sortir rincé.
Le rôle du chef dans un répertoire comme celui-ci ne tient pas seulement à l'orchestre et au chœur mais aussi à tout le façonnage des scènes de récits des chanteurs. La musique d'un opéra de Mozart et de Verdi avance d’elle-même, alors que là, chez Lully, chaque mot doit être façonné : il s’agit de trouver le récit et la déclamation très libres par rapport aux airs structurés qui mènent le chanteur beaucoup plus loin que lorsqu'il arrive. Il doit composer un personnage, mais trouver aussi une façon de s'exprimer dans cette rythmique. C'est un travail de collaboration entre l'orchestre et les chants.
Le solfège pur demeure impuissant à rendre les nuances d'une langue quelle qu'elle soit, car une langue est inégale (toutes nos syllabes ne sont jamais parfaitement égales entre elles, il y en a des longues, des courtes, et tout l'entre-deux, or les partitions -notamment anciennes- sont écrites avec des rythmes forcément simples ou au moins simplifiés, mais plus ils sont simples, plus ils invitent à une interprétation en partant des rythmes de la parole). Cette musique doit être naturelle, rhétorique et déclamatoire.”
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Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1. Le Plateau héliocentrique
2. Phaéton
3. Climène
4. Théone
5. Merops et Saturne
6. Libye
7. Epaphus
8. Triton, le Soleil et la Terre
9. Protée et Jupiter
10. L’Orchestre et le Chant de Lully