Phaéton à l’Opéra de Nice : Triton, le Soleil et la Terre
Jean-François Lombard nous présente aujourd’hui les trois personnages qu’il incarne : Triton, Le Soleil et La Terre (des seconds rôles en termes de durée dans l’œuvre, mais essentiels dans le drame et qui le font intervenir à des moments-clés tout au fil de l’action) : “Ces trois personnages font avancer l’histoire et finalement, d’une manière ou d’une autre, les trois provoquent la chute de Phaéton : Triton oblige Protée (malgré toutes les formes que celui-ci peut prendre) à parler du destin de Phaéton, et c’est par cette révélation que Phaéton va acquérir ses ambitions glorieuses. Il apparaît au premier acte et a aussi des airs à chanter (tandis que le récitatif de Lully est très développé dans ses opéras).”
Le Soleil a bien entendu une dimension essentielle dans cette histoire, comme le rappelait Éric Oberdorff en présentant sa mise en scène dans le premier épisode. Il soulignait alors toute la modernité de cette œuvre, ce que confirme assurément le propos du personnage de la Terre et la figure du personnage de l’astre du jour : “Le soleil est d’une puissance intouchable, plus fort même que le roi. Il était alors Louis XIV, il serait de nos jours l’équivalent d’un Mark Zuckerberg, Jeff Bezos ou Elon Musk : plus puissant que les royaumes, que chaque individu. Il n’a pas besoin d'élever la voix, j’ai même réduit sa gestuelle au minimum. Un infime mouvement de sa tête anime tout son monde, s’il ouvre la main un verre d’eau y apparaît, s’il se lève un manteau tombe sur ses épaules. Il n’est plus humain tellement il est puissant, mais finit par redescendre à sa condition dans sa relation à Phaéton.”
“Le Soleil est le personnage le plus compliqué des trois à chanter, explique Jean-François Lombard, car il est le plus aigu et le plus exposé. Ce qui est intéressant dans le dialogue entre le Soleil et Phaéton est qu'il s'agit de deux haute-contres, ce qui est assez rare (chez Lully il y a Acis et Galatée). Le soleil est même un peu plus aigu que Phaéton (un peu plus haut dans le ciel aussi, et très brillant évidemment).”
Le Soleil a de grands récits accompagnés avec l'Orchestre, alors que la déesse de la Terre a un récitatif sec pour implorer Jupiter de foudroyer Phaéton qui perd le contrôle du char et embrase la Terre. C’est un passage plus intérieur et de souffrance avec une tessiture plus basse et terminant même dans le grave : la déesse de la Terre se recroqueville en attendant.”
“Ce plaidoyer écologique de La Terre est encore tellement d'actualité, poursuit le metteur en scène Éric Oberdorff : je le mets donc notamment en avant pour qu'il soit bien écouté et entendu. La Terre sera, dans la mise en scène, progressivement avalée et engloutie par le chœur qui vient la ceinturer, bâillonner, étouffer (comme c’est indiqué dans le livret), représentant l’incendie provoqué par Phaéton, ainsi qu’une marée noire et toutes ces voix qu’on essaye de faire taire.”
Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1. Le Plateau héliocentrique
2. Phaéton
3. Climène
4. Théone
5. Merops et Saturne
6. Libye
7. Epaphus
8. Triton, le Soleil et la Terre
9. Protée et Jupiter
10. L’Orchestre et le Chant de Lully