Hommage à Duffaut en Avignon : tout l’opéra était là
À carrière exceptionnelle, pot de départ exceptionnel. C’est ainsi qu’après 43 ans passés à la direction de l’Opéra Grand Avignon, en plus de ses nombreuses autres fonctions, en particulier aux Chorégies d’Orange (qui viennent d'annoncer la teneur de l'édition 2018) et au Centre français de promotion lyrique, Raymond Duffaut (qui nous a accordé une passionnante interview) a rassemblé pour la soirée d’hommage qui lui était consacrée ce vendredi, plus de 25 solistes, cinq chefs et cinq pianistes, l’Orchestre Régional Avignon Provence, mais aussi le Chœur, le Ballet et la Maîtrise de l’Opéra. C’est un récital exceptionnel d’une durée de six heures qui vient refermer cette carrière hors norme.
Raymond Duffaut (© DR)
La soirée démarre dans la légèreté : la première partie, la seule qui soit accompagnée par l’Orchestre, est centrée sur l’opérette. Les interprètes s’enchaînent ainsi que les chefs d’orchestre (Luciano Acocella, Alain Guingal, Samuel Jean, Jean-Yves Ossonce, Dominique Trottein). Les extraits de La Vie Parisienne d’Offenbach se suivent, entrecoupés d’interventions burlesques de Lionel Peintre et Jean-Claude Calon : l’ouverture, un cancan, l’air du brésilien (l’un des tubes de Florian Laconi), celui du Baron (Je vais m’en fourrer jusque-là, par Marc Barrard) et le chœur de voyageurs. Puis viennent La Périchole (par Marie-Ange Todorovitch), la Belle Hélène (le trio de l'acte III, avec Laconi, Barrard et Cavallier) ou encore Les Mousquetaires au Couvent (Pour faire un bon mousquetaire, par Lionel Lhote). Rossini (ouverture du Barbier de Séville
Florian Laconi (© Studio Harcourt)
L’ambiance change dans la deuxième partie : l’orchestre laisse la place à un piano, un large lustre vient habiller la scène, et les transitions burlesques disparaissent, remplacées par une présentation plus classique d’Alain Duault, assis au milieu du parterre, à côté de Raymond Duffaut. Seng-Hyoun Ko chante un air de Paillasse, Thomas Bettinger un extrait de Giuditta de Lehar, Ludivine Gombert un air de La Bohème (Si, mi chiamano Mimi) et Inva Mula celui de Thaïs (Me voilà seule) : les airs s’enchaînent sans fil conducteur, au milieu des bruits de portables mal éteints (étonnamment nombreux !) et d’éventails battant à plein régime. Dans une séquence consacrée à Carmen
Béatrice Uria Monzon (© Philippe Gromelle)
Le flot hétéroclite des beaux moments musicaux se poursuit ensuite avec l’émotion de Marc Barrard en Sancho (extrait de Don Quichotte
Karine Deshayes (© Aymeric Giraudel)
Devant un parterre rassemblant de nombreuses personnalités du monde de l’opéra (directeurs d’opéra, agents, journalistes, etc.), la troisième partie est entamée tambour battant par Lionel Peintre, avec l’air du Pompier de Hervé. Le burlesque s’enchaîne avec le drame, puisque Marie-Ange Todorovitch revient interpréter l’air des larmes extrait de Werther. Zuzana Markova enchaîne avec les Puritains de sa voix effilée, puis Béatrice Uria-Monzon interprète le magnifique Vissi d’arte de Tosca. Thomas Bettinger la rejoint ensuite pour le premier duo de l’opus de Puccini, avant qu’Inva Mula n’interprète une chanson napolitaine qui s’enchaîne avec le chœur Bière ou vin extrait de Faust
L’hommage se termine par un My way chanté avec puissance et souffle par l’impressionnant Seng-Youn Ko avant que tous les artistes ne rejoignent la scène pour chanter « Et maintenant, que vas-tu faire ? », sur la musique de Gilbert Becaud et des paroles réécrites par Jean-Claude Calon en hommage à Duffaut. Les cotillons s’envolent. Une page se tourne.