Opéra de Lyon saison 2020-2021, une dernière et une première
Traditions et Collaborations, Russie et rencontre des cultures
C'est désormais une tradition, l'Opéra national de Lyon reprend une production du Festival d'Aix-en-Provence (une nouvelle occasion de rappeler combien la pandémie de Coronavirus est une menace pour la culture : si le confinement n'est pas levé à temps pour permettre les répétitions de cette production à Aix, un tel spectacle serait menacé à Lyon alors qu'il y est programmé pour octobre -à savoir qu'avec cette tragique logique, certains concerts sont déjà annulés ailleurs pour la fin de l'année 2021 !). Après la Tosca de Puccini par Christophe Honoré, Le Coq d'or de Rimski-Korsakov mis en scène par Barrie Kosky rejoindra les Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon, dirigés par Aziz Shokhakimov avec Andrei Popov (dans le rôle de l'Astrologue), Sabine Devieilhe et Dmitry Ulyanov (Reine et Tsar).
Autre opus russe qui veut mettre en avant des enjeux contemporains, Le Rossignol et autres fables de Stravinsky (reprise de la production signée en 2010 par Robert Lepage, coproduction avec Toronto et Amsterdam) : une autre rencontre de la Russie et du genre opératique italien, dans l'œuvre comme pour ses interprètes puisque Daniele Rustioni dirigera une distribution slave (Anna Denisova en Rossignol avec Yulia Pogrebnyak, Mairam Sokolova, Taras Berezhansky, Nabil Suliman, Andrey Danilov, Roman Chabaranok).
C'est aussi une tradition, l'Opéra de Lyon co-produit avec le Théâtre des Champs-Élysées un opéra en version de concert : Werther de Massenet avec les phalanges musicales et le chef maison (Daniele Rustioni), Simon Keenlyside dans le rôle-titre, Stéphanie d’Oustrac (Charlotte), Jean-Sébastien Bou (Albert), Florie Valiquette (Sophie) et Marc Barrard (Bailli).
Ce sera sans doute une nouvelle tradition, un partenariat avec un opéra du Golfe, en l'espèce celui d'Oman pour Béatrice et Bénédict de Berlioz, incarnés par Michèle Losier et Julien Behr, mis en scène par Damiano Michieletto sous la baguette de Daniele Rustioni. Collaboration avec Munich enfin (le Bayerische Staatsoper) pour Le Freischütz de Weber mis en scène par Tcherniakov avec Tuomas Katajala et Mandy Fredrich (Max et Agathe).
Festival au féminin
C'est aussi une tradition, l'Opéra de Lyon organise un mini-Festival avec trois nouvelles mises en scène. Ariane (par deux fois) et Mélisande en seront les héroïnes. Le Château de Barbe-Bleue (Bartók) sera mis en scène par Andrij Zholdak, dirigé par Titus Engel avec Kàroly Szemerédy, Eve-Maud Hubeaux/Victoria Karkacheva. Ariane et Barbe-Bleue (Dukas) seront incarnés par Alexandra Deshorties et Tomislav Lavoie dans la mise en scène d'Àlex Ollé/La Fura dels Baus et sous la direction de Lothar Koenigs, avec en outre La Nourrice Enkelejda Shkoza, Adèle Charvet en Selysette (elle nous en parlait en interview) et Hélène Carpentier en Mélisande. Mélisande que nous retrouverons incarnée par Judith Chemla dans un arrangement musical signé Florent Hubert (comme ils avaient coopéré pour ce faire avec "Traviata, vous méritez un avenir meilleur") des musiques de Debussy, Fauré, Sibelius. La mise en scène sera signée par le prochain Directeur de la maison, Richard Brunel.
C'est une nouveauté, mais dans la continuité des programmations tout public, avec des spectacles d'une heure par les artistes du Studio maison : un Festival Contes et fantaisies lyriques, en triptyque également. De Ravel, L’Heure espagnole sera reprise dans sa production de 2018, L'enfant et les sortilèges dans celle de 2016. Enfin, La Lune de Carl Orff sera sauvée (la brochure annonce une "reprise de 2020", comme si cette reprise était déjà prévue, avant que cette production ne soit malheureusement annulée en raison du Coronavirus). La programmation jeunesse se prolongera même avec la référence dans le domaine des opéras pour enfants : Isabelle Aboulker dont sera repris l'opus composé en 2001 mis en scène par Pauline Laidet et dirigé par Karine Locatelli en 2019 in loco, Les Enfants du Levant (compte-rendu).
Danse, vitalité
La Directrice du ballet Julie Guibert prend ses fonctions en programmant des créations chorégraphiques de Gregory Maqoma et Kyle Abraham (coproduction avec la Biennale de la danse, dans le cadre de la saison Africa 2020), de Dimitris Papaioannou (compagnie invitée) et des reprises d'entrées au répertoire signées Jiří Kylián en 2019 et 2007 (Wings of Wax/Bella Figura/Gods and Dogs), sans oublier une recréation d'Alessandro Sciarroni, des reprises de Ioannis Mandafounis et Russell Maliphant, 31 Rue Vandenbranden de Peeping Tom.
Sans oublier non plus un Cycle de Musique de chambre, la saison de Concerts symphoniques, un récital de mélodies françaises (Debussy, Poulenc, Fauré, Ravel) par Sabine Devieilhe et Alexandre Tharaud, le récital du pianiste Alexandre Kantorow, un Concert Haendel Aci, Galatea e Polifemo avec I Bollenti Spiriti (orchestre maison mais sur instruments d'époque), direction Stefano Montanari avec Jane Archibald (soprano), Ann Hallenberg (mezzo-soprano), Andrea Mastroni (basse).
Le temps sera alors venu, en lui souhaitant bon vent, de faire le bilan du mandat de Serge Dorny à Lyon : ce sera sur Ôlyrix, évidemment.
De surcroît, concernant la situation actuelle, l'Opéra de Lyon répond à nos questions : "Selon l'évolution de la situation, nous envisageons effectivement un report de Irrelohe et de Rigoletto, en fin de saison si possible ou dans les deux saisons qui viennent. Quant à la création de Shirine de Thierry Escaich, dont les répétitions devaient commencer le 23 mars pour une première début mai, elle est reportée au printemps 2022.
En ce qui concerne les cachets des artistes des productions annulées, nous avons établi un accord avec eux, et leur avons versé un cachet forfaitaire de répétition."