Carl Maria von Weber (1786-1826) est né le 18 ou le 19 novembre 1786 à Eutin en Allemagne. Son père ayant fondé sa propre entreprise théâtrale, Weber grandit dans un univers d'artistes d'itinérants. Constatant que le jeune garçon a des dispositions pour la musique, son père a rapidement pour ambition d'en faire un nouveau Mozart. C'est pourquoi à l'âge de 10 ans, Weber commence sa formation pianistique avec Johann Peter Heuschkel et commence à 11 ans l'écriture musicale à Salzbourg avec Michael Haydn, le frère du célèbre compositeur. Lorsque sa mère meurt subitement en 1798, le jeune Weber est placé sous la tutelle du professeur de chant Johann Evangelist Wallishauser et de l'organiste Johann Nepomuk Kalcher. C'est durant cette période qu'il fait ses premiers essais dans le genre de l'opéra. Afin de parfaire ses connaissances musicales, Weber décide ensuite de se rendre à Vienne pour y recevoir des leçons de Jospeh Haydn. Il devient finalement l'élève de l'abbé Georg Joseph Vogler qui lui ouvre les portes de son réseau.

En 1804, Weber obtient son premier poste : celui de chef d'orchestre à Breslau. Cette première expérience professionnelle est particulièrement difficile. En effet, alors qu'il tente de réformer le répertoire et l'interprétation du théâtre, il se heurte au refus des musiciens et des chanteurs et bientôt, complètement désavoué, il se trouve dans l'impossibilité de diriger l'ensemble. Il devient ensuite musicien de cour à Karlsruhe, période à laquelle il écrit beaucoup de musiques, surtout pour des ensembles de chambre et des orchestres. En 1807, il accepte le poste de secrétaire du Duc Louis de Saxe (le frère du roi Frédéric-Auguste 1er de Saxe) à Stuttgart. Bien que ce poste n'ait rien à voir avec la musique, ce sont des années très productives pour Weber durant lesquelles il écrit notamment son premier opéra intitulé Sylvana.

Accusé d'escroquerie, il est chassé de cette charge en 1810 et entame trois années d'itinérance au cours desquelles il s'emploie à enrichir sa culture musicale populaire et folklorique allemande. Entre 1813 et 1816, il occupe le poste de directeur de l'Opéra de Prague. Fort de ses nouveaux enrichissements musicaux et ayant affiné sa connaissance des répertoires lyriques, il entreprend une rénovation du répertoire du théâtre et monte notamment Fidelio de Beethoven, ainsi que des ouvrages français. Durant cette période, il entame une sérieuse réflexion sur les œuvres opératiques, autant sur leur forme que sur leur contenu.

En 1817, il devient Kapellmeister du roi de Saxe et prend la tête de l'Opéra allemand de Dresde (la Staatskapelle). Immédiatement, il cherche à mettre fin à l'hégémonie italienne dans le monde de l'opéra et fait la promotion d'un nouvel art scénique et dramatique allemand. Il décide également de mettre en pratique ses choix esthétiques et se consacre jusqu'en 1821 à la composition de son chef-d’œuvre, Le Freischütz. La création de l'œuvre a lieu le 18 juin 1821 au Königliches Schauspielhaus (rebaptisé depuis le Konzerthaus) à Berlin. C'est un véritable triomphe et l'opéra incarne dès lors la consécration de l'opéra romantique allemand. De son côté, Weber voit sa notoriété et sa carrière décoller.

L'Opéra de Vienne lui commande un opéra (Euryanthe) qui sera créé en 1823. Dans cette œuvre, le compositeur poursuit le développement d'un genre national allemand et certains passages musicaux annoncent d'ailleurs déjà la dramaturgie et le style de Wagner. Mais le succès n'est pas aussi retentissant que pour Le Freischütz. En 1826, il compose pour Londres un opéra féerique (Oberon) qui a un certain succès. Le compositeur meurt de la tuberculose à Londres cette même année. Il laisse dernière lui une production restreinte en quantité, mais d'une qualité musicale et dramaturgique incontestable. Son œuvre opératique aura une très grande influence sur les compositeurs du XIX au niveau de l'orchestration, des tournures mélodiques et dramaturgiques. Weber est aujourd'hui considéré comme le fondateur de l'opéra allemand, qui lui a donné non seulement une existence, mais aussi une crédibilité et une esthétique propre.