Concert de Gala sur le Sable de Royan
C'est à la percussionniste Adélaïde Ferrière que revient l'honneur d'ouvrir le bal en ce 25 juillet, avec brio et panache (tout comme elle emportera l'univers sonore vers la Rhapsody in Blue et dans ce concert-voyage jusqu'au Brésil). De son pupitre de premier violon, Christophe Guiot (qui brillera dans le Printemps de Vivaldi), donne le départ et tout l'Orchestre du Festival de joindre l'aventure. Sous la direction de Jérôme Pillement, les pupitres et notamment les cuivres déploient leurs éclats à travers la plage (le concert étant parfaitement amplifié), appelant à leur tour leur collègue-soliste, la trompettiste Lucienne Renaudin Vary qui fait voyager jusqu'au Sud de l'Italie avec la Danza (tarentelle) de Rossini et qui entonnera également des extraits très rythmiques et dansants de West Side Story. Emma Kate Nelson complète ce séjour de l'autre côté de l'Atlantique avec "Tap Your Troubles Away" de la comédie musicale Mack and Mabel (de Jerry Herman, compositeur d'Hello Dolly"). Le timbre de sa voix au rythme des claquettes et l'énergie du petit groupe de danseurs transportent le spectacle à Broadway.
La farandole des solistes se poursuit, dans cet esprit de gala sur le sable, riche et varié. Sébastien Lentz brille ainsi au cor solo dans un climat opposé : celui de la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel : le programme est décidément complet.
D'autant que les interprétations sont aussi vertigineuses et profondes que la richesse du programme qui ose crânement allier musiques savantes-populaires d'hier et d'aujourd'hui : avec du Xenakis mais aussi le jeune compositeur Fabien Waksman qui présente sa propre composition pour orchestre, "Protonic Games" (inspirée d'un accélérateur de particules).
La vedette lyrique de la soirée n'est autre que la mezzo-soprano franco-suisse Marina Viotti, qui vient couronner sa saison marquée par sa Victoire de la Musique Classique (dans la catégorie Artistique Lyrique, tandis que le compositeur lauréat également cette année n'est autre que Fabien Waksman). Marina Viotti interprète le célèbre air de Dalila composé par Camille Saint-Saëns, "Mon cœur s'ouvre à ta voix". Sa riche et ronde voix porte sa sensualité avec un timbre de velours, jusqu'au long de ses phrasés maîtrisés.
Et le programme complète ce parcours complet avec un medley / best of des musiques de films du compositeur John Williams, dirigé par Yvan Cassar qui en signe lui-même les arrangements, mettant en valeur chaque groupe d'instruments, avec des explosions symphoniques vigoureuses.
La soirée joint même l'image au son, notamment vers son impressionnante conclusion. L’orchestre replonge l'auditoire dans le calme d'un Clair de lune, celui de Claude Debussy avec les images de cet astre projetées sur les grands écrans. Et c'est enfin rien moins qu'un feu d'artifice qui accompagne l'immense montée de "Mort et Transfiguration" (Richard Strauss).
Mais la soirée n'est pas finie : Marina Viotti revient pour conclure les festivités avec The Show Must Go On, rappelant qu'elle possède un bagage vocal éclectique, venant du heavy metal et participant à l'occasion à des rap battles. Il est pourtant très difficile d'interpréter les œuvres écrites pour Freddie Mercury, mais Marina Viotti en possède les moyens vocaux et la compréhension stylistique pour se transformer aussi en artiste Rock, capacité rare de transformation y compris -voire notamment- parmi les artistes parcourant divers styles.
Le public exulte et, de surcroît, quitte les lieux dans le calme et la sérénité, chacun veillant à remporter ses affaires, laissant la place nette et la plage prête comme il se doit à accueillir d'autres estivants et mélomanes.