Flamenco envoûtant dans les ruines de Glanum à Saint-Rémy-de-Provence
Les cantatrices, lyrique Béatrice Uria-Monzon et flamenca Antonia Contreras incarnent la richesse de ce dialogue, tout comme la guitariste Liât Cohen et l’Orchestre National Avignon-Provence, dirigés par Debora Waldman.
Le programme propose en alternance (mais en soulignant les riches porosités frontalières) des mélodies populaires et savantes, mettant l'orchestre et les solistes respectivement et mutuellement à l'honneur, quitte à élargir la thématique espagnole à l'hispanique.
Béatrice Uria-Monzon chante avec un timbre méditerranéen, voluptueux et chaud sur des graves solides. Le texte est nettement articulé, avec une ligne vocale nuancée et expressive dans le duo d'Enrique Granados, où l’équilibre sonore est totalement respecté entre la voix et l’accompagnement précis de Liât Cohen (mais qui ne tient pas l'accord). Des aigus charmeurs, agiles et légers alternent avec des notes tenues, complétant les couleurs de cette palette sonore.
Antonia Contreras, chanteuse flamenca, affirme son autorité avec une voix naturelle au timbre corsé. Elle englobe des sons poitrinés et sonores, projetés avec efficacité. Sa diction est très nette.
L’orchestre présente une imposante masse musicale (même si l'amplification acidifie les cordes). La phalange, d’une quarantaine de musiciens, est nuancée et hispanisante avec des soli de qualité chez les vents. Le hautbois s'affirme avec des mélodies très délicates et d'une justesse impeccable, la flûte traversière, claire et fluide, réalise son solo avec virtuosité, la trompette et le trombone interviennent avec une rythmique et une justesse de grande qualité. La percussionniste utilise avec précision les instruments liés aux folklores espagnols et sud-américains.
La direction de Debora Waldman est nette, précise, nuancée, assumant avec efficacité les contraintes liées à un concert en extérieur.
Pour terminer cette soirée “Viva Espana!”, Béatrice Uria-Monzon interprète la fameuse Habanera de Carmen, son rôle phare dans de nombreux opéras à travers le monde.
La cheffe d’orchestre fait chanter le refrain par le public qui, heureux, ovationne les artistes avant de quitter les ruines de Glanum, imprégné de l’âme musicale espagnole.