La saison musicale des Invalides fête ses 30 ans en 2023/2024
Christine Dana-Helfrich, vous célébrez cette saison le 30ème anniversaire des saisons musicales des Invalides : qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Effectivement, il y a trente ans, Pierre Joxe, ministre de la défense et mélomane passionné, a souhaité que les monuments parisiens placés sous la protection et la responsabilité du ministère de la défense soient mis en valeur par des concerts de prestige susceptibles de s’y inscrire.
Il m’a fait l’honneur de me confier cette mission – ce dont je lui suis encore infiniment reconnaissante –, lui a donné pour ancrage l’Hôtel national des Invalides et l’a rattachée au musée de l’Armée, puisque j’étais conservateur du patrimoine. A partir des Invalides, la musique a ainsi rayonné pendant quelques années jusqu’à la chapelle de l’abbaye royale du Val-de-Grâce, la chapelle de l’Ecole militaire, les salons et la chapelle du château de Vincennes, les salons de l’Hôtel de la Marine et même parfois le musée de la Marine, au travers de cycles de concerts de musique ancienne, que j’avais baptisés Marte Silente / Et quand mars eut fait taire le fracas de ses armes. Des ensembles tout récemment créés tels le Concert Spirituel d’Hervé Niquet, le Parlement de Musique de Martin Gester et les Talens Lyriques de Christophe Rousset s’y sont notamment produits. Parallèlement, une programmation musicale s’est implantée au sein des Invalides et a très rapidement trouvé son public. Notre premier partenaire fut le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, grâce au soutien aussi enthousiaste que spontané de son directeur Marc-Olivier Dupin et de son adjointe en charge des partenariats et des relations internationales, Gretchen Amussen. En référence aux origines militaires du Conservatoire, fondé en 1795 pour former les cadres des musiques militaires, nous avons créé le cycle Jeunes Talents - Premières Armes, qui a contribué à révéler des générations de talents aussi précoces que prometteurs. Renaud Capuçon et Bruno Mantovani s’y sont notamment inscrits. Si les premières programmations comportaient une quarantaine de concerts, nous avons parfois organisé jusqu’à 130 voire même 150 concerts par saison, avec la complicité musicale et le soutien de nombreuses représentations étrangères. Le ministère de la défense a décidé de confier au musée de l’Armée le rôle de grand opérateur de l’Etat, dans le domaine musical. Notre mission est non seulement d’exalter la dimension architecturale et historique du prestigieux édifice qui lui tient lieu d’écrin, mais aussi de mettre à l’honneur les meilleures phalanges militaires et leurs répertoires, notamment pour vents, de faire écho aux commémorations historico-militaires et d'organiser des cycles de concerts en référence aux expositions temporaires du musée.
En quoi cet anniversaire marque-t-il cette programmation 2023-2024 ?
Après l’organisation de quelque 3.000 concerts, la saison musicale des Invalides s’attache à se réinventer sans cesse, en veillant à renforcer le sens et étayer la légitimité de sa programmation. Elle s’est peu à peu forgé une place originale et singulière au sein du paysage si foisonnant des saisons musicales parisiennes, avec le soutien de nombreux partenaires et aussi d’une pléiade de musiciens qui lui sont fidèles. Et c’est non sans une secrète émotion et aussi une forme d’étonnement de n’avoir pas vu passer ces 30 années, ponctuées de défis constamment renouvelés et de non moins indispensables remises en cause, que nous abordons cette saison anniversaire. A cet égard, je tiens à témoigner ma plus vive et profonde reconnaissance envers notre directrice adjointe si mélomane, Ariane James-Sarazin, à la personnalité aussi rayonnante que généreuse et charismatique. Je la remercie pour son indéfectible soutien, ses précieux conseils éclairant mes choix musicaux et surtout sa confiance. Cette nouvelle saison musicale lui doit beaucoup, tant nous œuvrons en parfaite harmonie et même en osmose l’une avec l’autre, depuis déjà six ans.
Comme toujours, votre programmation se structure notamment autour de cycles. Le premier de la saison a pour titre « Victoire ». A quoi correspond-il et comment l’avez-vous imaginé ?
Composante à part entière de la programmation culturelle du musée, notre saison musicale accompagne notamment ses expositions temporaires. Celle de l’automne 2023, Victoire ! la fabrique des héros, est consacrée aux manifestations et aux représentations de la victoire. Un cycle de 7 concerts y fait librement écho. De l’Ouverture de Beethoven, d’après Goethe, glorifiant le sacrifice héroïque d’Egmont avec la symphonie de victoire qui conclut le drame, aux Marches pour rater la victoire de Kagel et à la Symphonie n°9 de Chostakovitch au ton sarcastique, qui provoqua la fureur de Staline, son commanditaire, n’y retrouvant pas les accents de victoire escomptés, la liberté de ton s’affirme, dès le concert d’ouverture de ce cycle du 9 novembre, dont François Salque est le soliste, dans le concerto de Dvorak.
Et si nous y évoquons évidemment les victoires du souverain fondateur des Invalides avec l’ensemble Les Surprises, le 16 novembre, nous ferons aussi référence à la victoire du Duc de Wellington sur les armées napoléoniennes à Vitoria en 1813, célébrée par Beethoven à Vienne dans un climat de ferveur patriotique qui saisit l’Europe entière. Ce sera le 7 décembre prochain et le Tombeau de Beffa (commande du musée pour le Bicentenaire de la mort de Napoléon), méditation funèbre laissant entrevoir une transfiguration post mortem de L’Empereur, y précédera l’interprétation de la bouleversante cantate Alexandre Nevski de Prokofiev, composée pour accompagner le film d’Eisenstein, avec sa fascinante séquence de la bataille du lac Peïpous se concluant par la victoire du 13ème prince de Novgorod sur les chevaliers de l’ordre teutonique, le 5 avril 1242.
Mais le 25 janvier 2024, le pianiste David Lively, l’Orchestre de la Garde Républicaine et le Chœur de l'Armée française privilégieront une toute autre approche, beaucoup plus intérieure et même mystique et philosophique, du concept de victoire, dans le monumental Concerto de Busoni, programmé en concert, à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur : le parcours de l’artiste héros, de sa fougue juvénile à sa maturité se conclut par son apothéose, victoire à caractère nietzschéen du Surhomme sur la mort. Enfin, en clôture du cycle, les victoires napoléoniennes y seront célébrées jusque sur les scènes d’opéra, avec le précieux soutien du Palazzetto Bru Zane, le 29 janvier 2024.
La problématique de ce cycle est donc le rapport de l’artiste à son commanditaire ainsi que la liberté de l’artiste sur les conventions, l’académisme, voire même la dictature.
Le second cycle dont vous parliez déjà la saison dernière se nomme Duels. Pourquoi ce titre et quels sont les concerts qui le composent ?
Ce cycle de 17 concerts est organisé en référence à l’exposition du musée, évoquant la forme codifiée et éminemment inspirante, voire romanesque, du duel. Si le cinéma a abondamment illustré cette thématique, dans le domaine musical, elle peut se décliner de multiples manières et nous en ferons l’exposé et la démonstration, en toute liberté, une fois encore. Ainsi Frank Braley et Eric le Sage feront-ils, avec la Garde républicaine, référence au célèbre affrontement de deux familles, jalonné de duels collatéraux, dans Roméo et Juliette, auquel fait écho celui de deux clans rivaux dans West Side Story. Ce sera le 23 mai 2024. Et le 13 juin 2024, c’est Edgar Moreau qui sera le soliste conquérant et même triomphant dans le grand Concerto militaire d’Offenbach, face à la Musique de l’Air et de l’Espace, ce duel se prolongeant en d’irrésistibles duos du même compositeur pour deux violoncelles, avec François Salque. Ce dernier, quant à lui, se présentera d'ailleurs déjà un peu plus tôt, le 25 mars 2024, avec son ensemble Loco Cello dans un programme empreint de fantaisie mais où s’inscrit également la Bataille d’Agincourt, en forme de duel pour deux violoncelles d’Olivier Greif, avec Aurélien Pascal, au second violoncelle. Mais aucun duel fratricide, au sein de ce cycle, même lors du concert du 27 mai 2024 lors duquel s’affrontent les sœurs violonistes Sarah et Déborah Nemtanu, à coup d’archets. Les vents ne seront pas oubliés non plus, avec Paul Meyer et la nouvelle clarinettiste solo de la Musique de l’Air le 21 mars 2024 et lors des joutes instrumentales du 10 juin 2024.
Les duels et affrontements entre musiciens faisant assaut de virtuosité sur scène sont si nombreux dans l’histoire de la musique qu’il nous a fallu choisir. En l’occurrence le duel qui opposa Liszt à Thalberg, inspirant à Marie d’Agoult cette phrase célèbre : « Thalberg est le premier pianiste au monde. Liszt est le seul ! », sera illustré, le 12 mars 2024, par Mūza Rubackytė et Simonas Poška. Et si le duel est régi en concert par un rituel classique dûment codifié, nous ne nous sommes pas privés de le bousculer un peu, certains programmes flirtant délibérément avec le jazz et même avec l'improvisation, en duos et en sextuor, le 18 mars 2024 et le 17 juin 2024, avec Jean-François Zygel et ses étudiants du Conservatoire de Paris. Comme dans le cycle précédent, le duel s’invite aussi à l’opéra, le 13 mai avec Armelle Khourdoïan, Valentin Thill, Jérôme Boutillier et Tristan Raës, le 30 mai 2024 avec Zachary Wilder, Emiliano Gonzalez Toro et son ensemble I Gemelli, la restitution d’irrésistibles joutes vocales entre La Cuzzoni et La Bordoni nous étant offerte, le 6 juin 2024, par Claire Lefilliâtre et Marie Perbost, avec Les Épopées.
En contrepoint, une approche plus profonde encore, nous sera proposée le 8 avril 2024, avec la présentation du Chant de l’amour et de la mort du Cornette Rilke. Ce bouleversant poème en prose de Rilke nous conte le duel d’un jeune porte-drapeau, en proie à un déchirant duel intérieur entre amour et devoir militaire, se concluant sur le champ de bataille par sa mort héroïque, avec le concours d’Alain Carré en récitant et de Pierre Génisson et Laure Favre-Kahn. Sans oublier évidemment, au sein de ce cycle, l’évocation du duel entre Onéguine et Lenski, auquel fait tragiquement écho celui de Pouchkine lui-même contre d’Anthès, en ouverture au concert du 4 avril et à l’occasion du concert de clôture de ce cycle, le 17 juin 2024, avec le duo Berlinskaïa-Ancelle, à deux pianos.
Enfin, les effets de report liés au COVID vous offrent l’opportunité de poursuivre les célébrations liées aux 350 ans des Invalides. Quelle forme cela prendra-t-il ?
Fondé par édit royal en 1670, l’Hôtel des Invalides a été érigé très rapidement, sous la conduite de son premier architecte Libéral Bruand. Et, dès 1674, les premiers pensionnaires pénètrent dans l’établissement qui a été érigé à leur intention. Nous célébrons donc, par un cycle de deux concerts, le 350ème anniversaire de l’arrivée aux Invalides, au son des fifres et tambours, des premiers vétérans et soldats, compagnons d’armes de Louis XIV, notamment blessés lors de la Guerre de Hollande engagée par leur souverain.
Le 1er février 2024, Hugo Reyne (fondateur de la Simphonie du Marais, qui s’est si souvent produite aux Invalides) sera à la tête de l’ensemble du département de musique ancienne du Conservatoire, dans un programme de batailles, évoquant en stéréophonie les Bruits de guerre.
Et le 4 mars 2024, Olivier Baumont, de son clavecin, Julien Chauvin de son violon, accompagnés par les solistes du Concert de la Loge, nous conteront en musique l’histoire des Invalides et de ses pensionnaires, avec le talentueux concours de Denis Podalydès, dans un florilège des plus beaux textes s’y rapportant.
Quels seront les temps forts de la programmation imaginée sous l’égide de votre partenaire, le CIC ?
Le musée de l'Armée et le CIC célèbrent deux décennies de fructueuse collaboration.
En effet, depuis 2003, le CIC accompagne les projets patrimoniaux du musée et notamment les campagnes de préservation et de restauration des espaces historiques des Invalides, où s'inscrivent les collections du musée.
Dans le domaine culturel, il soutient les expositions temporaires du musée. Et dans le domaine musical, le CIC étant le partenaire financier exclusif des Victoires de la Musique Classique, nous accueillons tout au long de ce cycle de 9 concerts leurs jeunes et talentueux lauréats.
Il propose des programmes qui se veulent diversifiés et accessibles au plus grand nombre, confrontant jeunes talents déjà confirmés et étoiles médiatiques internationalement consacrées. L'audience de ces concerts est encore amplifiée par les captations et retransmissions de tous les concerts du cycle par Radio Classique.
S'y succèdent notamment, après le concert inaugural du 12 octobre dernier présentant le Janacek Philharmonic Orchestra dans un florilège des plus célèbres musiques de films : Classique in Blue le 14 novembre avec Makoto Ozone et Franck Avitabile aux pianos, la célèbre Grande Messe en ut de Mozart dirigée par Claire Gibault le 5 décembre, Patricia Petibon et Susan Manoff le 14 mars 2024, les sœurs Berthollet le 16 avril 2024, l'étourdissant violon tzigane de Manon Galy le 7 mai 2024 et l'évocation de l'envoûtant tango de Buenos Aires par Lucienne Renaudin Vary et Ophélie Gaillard le 21 mai 2024.
Comme chaque année, l’Orchestre de la Garde Républicaine sera régulièrement mis en avant. Pouvez-vous nous présenter leurs concerts ?
L’Orchestre de la Garde Républicaine (dirigé par François Boulanger et Sébastien Billard) et le Chœur de l'Armée française (dirigé par Aurore Tillac et Emilie Fleury) ont vocation, statutairement, à accompagner le protocole de l’Etat français à son plus haut niveau de représentation. Cette fonction officielle est prioritaire et prédominante dans leurs agendas respectifs et conjoints.
Mais nous avons plaisir à accueillir aussi ces prestigieuses phalanges au sein de la saison musicale des Invalides, dans ses différents effectifs : orchestre à cordes, orchestre de chambre, orchestre symphonique et orchestre d’harmonie. Le Chœur de l'Armée française se présente, quant à lui, seul ou parfois avec le renfort des voix féminines de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris.
Une fort belle connivence s’est tissée entre nous, leurs chefs étant tout à fait enclins à répondre favorablement et même avec enthousiasme à mes propositions de programmes, sortant souvent de leurs répertoires habituels. Et cela se traduit aussi par une ardente mobilisation des musiciens envers ces répertoires plus rarement explorés et ces nouvelles œuvres à déchiffrer, auprès des solistes qui leur sont proposés. De François Salque à Mūza Rubackytė, de David Lively à Paul Meyer, tous se disent chaleureusement accueillis et accompagnés par ces formations, favorisant l’établissement d’une belle connivence entre solistes et phalange orchestrale, lors du concert. Il en est d'ailleurs de même avec une autre excellente formation orchestrale militaire à vents, la Musique de l’Air et de l’Espace, placée sous la direction de Claude Kesmaecker, avec laquelle des liens étroits se sont tissés, au fil des saisons. Ambassadrice de l’Etat-major de l’Armée de l’Air qui célébrera en 2024 ses 90 ans, elle a également une place de choix au sein de notre programmation, dans des programmes également originaux et avec de grands solistes tels la clarinettiste israélienne Sharon Kam, le violoncelliste russe Alexandre Kniazev ou Edgar Moreau, qui ne tarissent pas d’éloges sur la sensibilité, la subtilité et le raffinement des pupitres de vents de cet orchestre.
Quels sont les temps forts programmés avec votre partenaire, le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris ?
Au fil des saisons, depuis trente ans, le Conservatoire de Paris chemine à nos côtés et s’imprègne chaque année davantage des thématiques de nos saisons musicales, auxquelles les étudiants ont plaisir à faire écho, en récital ou en formation de musique de chambre au Grand salon. Un concert en soirée s’y ajoute et ce sera, en l’occurrence, pour la saison 2023-2024, le concert dirigé par Hugo Reyne, le 1er février 2024, en la Cathédrale Saint-Louis, en hommage à Louis XIV et à ses fidèles soldats, devenus pensionnaires des Invalides.
Citons, tout particulièrement, au sein du cycle Duels deux concerts en partenariat avec le Conservatoire de Paris, révélant la belle implication des étudiants et de leurs professeurs dans nos thèmes de saison. Lors du concert du 25 mars 2024 à 12h15, la violoniste Stéphanie-Marie Degand et ses étudiants du Conservatoire de Paris évoqueront le Chevalier de Saint-George, premier colonel noir de l’armée française et bretteur émérite, qui provoqua en duel la Chevalière d’Eon, à Londres le 9 avril 1787. Saint-George étant également violoniste virtuose et compositeur de talent, nos jeunes musiciens s’attacheront à réhabiliter son œuvre, tout en la recontextualisant dans son époque.
Dans un tout autre registre, les jeunes pianistes Florent Ling et Diana Cooper évoqueront la dualité intérieure chez Robert Schumann, ayant donné forme et vie, tout au long de son œuvre, à deux personnages poétiques et contrastés, issus de son imagination : Florestan et Eusébius, les deux facettes de son être profondément tourmenté.
Pourriez-vous nous présenter plus en détails le Te Deum du 16 novembre 2023 et le concert avec Judith van Wanroij du 29 janvier ?
L’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas confronte ici deux Te Deum. Celui de Charpentier, le plus célèbre des six qu’il a composés, glorifie une des victoires de Louis XIV, aux accents brillants des trompettes et timbales. Il n’est plus certain qu’il s’agisse de la victoire de Steinkerque de 1692 mais la tonalité de ré majeur irradie cette œuvre au caractère triomphal. Se fondant sur le même effectif, le Te Deum de Desmarets est, quant à lui, totalement inédit, comme l’est aussi son motet inscrit au même programme.
Pour ce qui est du concert du Quatuor Cambini-Paris et la soprano Judith van Wanroij, il s’agit d’une coproduction avec notre fidèle partenaire le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française, qui en a conçu et façonné le programme, en affinité parfaite avec notre thématique Victoire !
Programmé le 29 janvier 2024, à la date anniversaire de la victoire de Napoléon sur les Prussiens à Brienne-le-Château (le 29 janvier 1814), ce programme fait référence à l’emprise de l’Empereur sur les arts et notamment sur l’opéra. Au travers d’ouvrages le glorifiant (tel l’opéra Fernand Cortez, ou La Conquête du Mexique de Spontini), Napoléon se forge, en effet, une image d’héroïsme triomphant, exaltant son épopée victorieuse pour mieux façonner sa propre gloire et bâtir sa légende, le tumulte des armes étant sublimé par l’éclat des arts. Ce programme l’illustre de manière séduisante en nous proposant un florilège d’airs de Cherubini, Gluck, Spontini, Lesueur et aussi d’extraits de quatuors de Jadin et Baillot.