En attendant la fin de la rénovation du bâtiment principal, prévue pour la saison 2024/25, le nouveau Directeur Stefan Herheim inaugure un mandat à la fois en continuité et rupture avec son prédécesseur Roland Geyer, à commencer par le nom même de l'institution tel qu'affiché sur le nouveau site web : « MusikTheater an der Wien ». Cette petite mais signifiante modification souligne et oriente l'institution vers le théâtre musical. Le jeune ensemble du Kammeroper fait hélas visiblement les frais de la réorientation artistique de la maison, mais les trois initiatives dédiées au jeune public "TaWumm!", "Campus" et "Late Night" invitent un public plus jeune et plus large tout en encourageant l'insertion des étudiants dans les différents départements de la maison.

La saison se déclinera en mélangeant des périodes différentes, évitant une succession d'esthétiques similaires, mettant chaque œuvre à la fois en valeur et comme partie d'un grand dessin. La nouvelle programmation s'ouvrira par La Liberazione di Ruggiero (La Libération de Ruggiero) de la compositrice florentine Francesca Caccini injustement vouée à l'oubli. Ilaria Lanzino est chargée de la mise en scène et Clemens Flick, expert de la musique ancienne, assurera la direction musicale de l'Orchestre baroque La Folie. Le baryton croate Krešimir Stražanac incarnera Ruggiero auprès de sa ravisseuse Alcina (Sara Gouzy) au Kammeroper. 

Hall E dans le MuseumsQuartier, La Petite Renarde rusée de Janáček viendra dans la mise en scène de Stefan Herheim, avec la cheffe d'orchestre lithuanienne Giedrė Šlekytė et dans les rôles principaux Milan Siljanov (le forestier), Alžběta Vomáčková (la forestière), Mélissa Petit (renarde) et Jana Kurucová (renard). La Pie voleuse de Rossini suivra, avec une mise en scène confiée à Tobias Kratzer (qui a mis en scène Faust à l'Opéra Bastille, Tannhäuser au Festival de Bayreuth et en ce moment Moïse et Pharaon de Rossini au Festival d'Aix-en-Provence). Antonino Fogliani dirigera Nino Machaidze (Ninetta), Marina de Liso (Lucia), Fabio Capitanucci (Fabrizio) et Maxim Mironov (Giannetto). L'arbore di Diana (L'arbre de Diane) de Vicente Martín y Soler, dont le livret fut écrit par Lorenzo da Ponte (dans le même temps qu'il rédigeait Don Giovanni pour Mozart) sera signé Rafael R Villalobos, conduit par Rubén Dubrovsky avec le Bach Consort Wien pour accompagner une distribution de jeunes chanteurs : Véronica Cangemi (Diana), Maayan Licht (Amore), Graz Jerilyn Chou (Britomarte) et Anna Sophia Theil (Clizia), ainsi que des étudiants de chant à Vienne.

L'année 2022 se conclura par Amahl and the Night Visitors (Amahl et les visiteurs de la Nuit), opéra tout public du compositeur italo-américain moderne Gian Carlo Menotti (drame se déroulant durant la Nativité avec Amahl -"espoir", en arabe-, enfant malade qui s'évade dans ses fantaisies au déplaisir de sa mère : un jour, la famille reçoit une visite des trois Rois mages Gaspar, Melchior et Balthasar en route pour visiter l'enfant Jésus). Stefan Herheim assurera la mise en scène, avec Magnus Loddgard à la baguette. Amahl sera chanté par un soliste du chœur d'enfants de Vienne (Wiener Sängerknaben), auprès de Dshamilja Kaiser (la mère) et en Gaspar Paul Schweinester, (dernièrement vu au Kammeroper en Klas dans Enoch Arden par Haneke-Geyer).

L'année 2023 s'ouvrira avec La Périchole d'Offenbach dans la mise en scène de Nikolaus Habjan. La distribution réunira Anna Lucia Richter dans le rôle-titre, David Fischer (Piquillo), Alexander Strömer (Don Andrés) et Boris Eder (le comte Panatellas). Jordan de Souza dirigera l'Orchestre symphonique de la radio de Vienne.
Salle E dans le MuseumsQuaartier, la musique ancienne reviendra avec l'oratorio d'Händel, Belshazzar, dans une mise en scène signée Marie-Ève Signeyrole, emmenant Levy Sekgapane (Belshazzar), Jeanine de Bique (Nitocris), Vivica Genaux (Cyrus), Michael Nagl (Gobrias) et Eva Zaïcik (Daniel). Christina Pluhar dirigera son propre ensemble, L'Arpeggiata.

Der Freischütz de Weber, en collaboration avec le Teatro Real Madrid, est confié au metteur en scène David Marton et au chef Andrés Orozco-Estrada avec Tuomas Katajala (Max), Jacquelyn Wagner (Agathe), Sofia Fomina (Ännchen), Alex Esposito (Kaspar). L'Idiot (d'après le roman de Dostoievski) du compositeur polonais du XXe siècle Mieczysław Weinberg se découvrira ensuite dans la mise en scène signée Vasily Barkhatov. Dmitry Golovnin (le prince Myschkin), Natalya Pavlova (Nastassja), Kostas Smoriginas (Rogoschin) et Petr Sokolov (Lebedjew) suivront la baguette de Michael Boder avec l'Orchestre Symphonique de la Radio nationale.

La saison se conclura par Die stumme Serenade (La sérénade silencieuse) de Korngold dans la mise en scène signée Dirk Schmeding avec Jasmina Sakr (Silvia Lombardi), Peter Bording (Andrea Cocle), Jenifer Lary (Louise) et Paul Schweinester (Sam Borzalino). Ingo Martin Stadtmüller dirigera l'Orchestre de Chambre de Vienne (Wiener KammerOrchester).

Des chefs-d'œuvre (y compris oubliés) seront également présentés en version concertante, salle E dans le MuseumsQuartier. La lotta d’Ercole con Acheloo (La lutte d'Hercule et Achélôos), d'Agostino Steffani, compositeur baroque de l'époque d'Händel verra le Bach Consort Wien dirigé par Rubén Dubrovsky avec une distribution remarquée : Xavier Sabata (Eneo), Anna Prohaska (Deianira), Terry Wey (Acheloo) et Philipp Mathmann (Alcide). 

Il Tamerlano de Vivaldi (représenté en 2020 au Kammeroper dans la mise en scène signée Krystian Lada) réunira Filippo Mineccia (Tamerlano), Bruno Taddia (Bajazet), Delphine Galou (Asteria), Marina de Liso (Andronico), Ottavio Dantone dirigeant son Accademia Bizantina. Il Venceslao, drame lyrique en cinq actes d'Antonio Caldara invitera Max Emanuel Cencic (Venceslao), Nicholas Tamagna (Casimiro) et Suzanne Jerosme (Lucinda) avec Martyna Pastuszka dirigeant l'Orkiestra Historyczna.

S'approchant de Noël, le Magnificat de Bach sous la direction du maître de musique ancienne René Jacobs avec Sunhae Im (soprano), Coline Dutilleul (mezzo-soprano), Alberto Miguélez Rouco (contreténor), Magnus Dietrich (ténor) et Yannick Debus (basse). Le sacré programme figurera également le Salve Regina de Scarlatti et la Cantate BWV 147 « Herz und Mund und Tat und Leben » (Le cœur, et la bouche, et l'action, et la vie) de Bach.

L'année 2023 en versions rares et concertantes s'ouvrira avec L'Âme du philosophe, ou Orphée et Euridice d'Haydn sous la direction d'Ádám Fischer avec Michael Nagy (Creonte), Emőke Baráth (Euridice), Krystian Adam (Orfeo) et Alicia Amo (Genio) ainsi que le Chœur Arnold Schoenberg. Une œuvre d'improvisation, Händel Goes Wild sera portée par Christina Pluhar, avec son son ensemble L'Arpeggiata, Céline Scheen (soprano) et Valer Sabadus (contreténor). Thésée de Lully sera représenté avec une distribution française/francophone, dont Mathias Vidal (Thésée), Karine Deshayes (Médée), Deborah Cachet (Æglé), Philippe Estèphe (Égée). Christophe Rousset y dirigera Les Talens Lyriques et le Chœur de chambre de Namur.

Alexander's Feast d'Händel viendra avec Carolyn Sampson (soprano), Joshua Ellicott (ténor), Matthew Brook (basse). Robert King dirigera The King's Consort et le Chœur du King's Consort. Enfin, Il Polifemo de Porpora conclura les versions concertantes, avec Franco Fagioli (Aci), Max Emanuel Cencic (Ulisse), Sreten Manojlović (Polifemo) et Julia Lezhneva (Galatea). George Petrou assurera la direction de l'Armonia Atenea. 

Du côté de la nouvelle initiative « TaWumm! » (« wumm » imitant l'effet sonore d'une machine qui démarre), SuperZero, Baby proposera un opéra-performance présentant des histoires de personnes réelles mises en scène par l'artiste kurde-autrichienne Scharmien Zandi, les costumes étant signés Andrea Conrad et la direction musicale assurée par Marc Bruckner. « Late Night », comme son nom l'indique, poussera plus tard les heures d'une musique éclectique, jazz à l'improvisation. Lola Blau, comédie musicale pour une femme seule signée Georg Kreisler sera incarnée par Katrin Wundsam, direction Eike Ecker. Dans le cadre de « Campus », Aleksey Igudesman collaborera avec des étudiants pour improviser une soirée d'opéra dans le cadre de la performance Von O bis Oper (d'O à l'Opéra). 

Enfin, quelques occasions à ne pas manquer : le Chœur Arnold Schoenberg et leur directeur Erwin Ortner qui accompagne les spectacles du Theater an der Wien et au Kammeroper, fêteront leurs 50 années de collaboration par un concert « Zurück in die Zukunft » (Retour vers le futur). Le répertoire consistera entre autres de Schütz, Bach, Haydn, Schubert, Mendelssohn, Bruckner, Schönberg, Ligeti et Cerha.
Der goldene Drache (Le Dragon d'Or, du nom du restaurant chinois où se déroule ce drame) du compositeur hongrois contemporain Peter Eötvös viendra dans la mise en scène de Jan Eßinger. Walter Kobéra y dirigera le Klangforum Wien PPCM Academy, une collaboration entre le Klangforum et des étudiants dans le cadre de l'initiative "Campus".

Dans le cadre des Semaines de fête viennoises (Wiener Festwochen) l'année prochaine, la nouvelle production de Lulu signée Marlene Monteiro Freitas avec Maxime Pascal à la direction musicale sera présentée à la salle E dans le MuseumsQuartier, avec une distribution de premier rang : Vera-Lotte Boecker (Lulu), Bo Skovhus (le docteur Schön), Anne Sofie von Otter (la marquise Geschwitz).