Théâtre de Caen 2018/2019 : coproductions lyriques et théâtre musical
De grands opéras et productions lyriques ayant programmé de nombreuses excursions à travers la France (voire l'Europe), Caen sera un passage obligé pour la plus vagabonde d'entre elles : The Beggar’s Opera (par Robert Carsen et Les Arts Florissants de William Christie) à retrouver détaillée dans notre compte-rendu. Après le ballad opera anglais, du XVIIIe, l'opérette française fin XIXe avec une autre production voyageuse (due aux efforts conjugués de Bru Zane et des Brigands), Les P'tites Michu d'André Messager (croquées par nos soins à Nantes et l'Athénée) mettront en scène les jumelles confondantes Marie-Blanche et Blanche-Marie (Violette Polchi et Anne-Aurore Cochet) avec leurs parents Damien Bigourdan et Marie Lenormand.
Un mois après Lille, c'est dans la capitale du Calvados que se rendra Rodelinda de Haendel vue par Jean Bellorini et Le Concert d’Astrée d'Emmanuelle Haïm. L'occasion d'apprécier Jeanine de Bique en rôle-titre et épouse de Pertharite, roi des Lombards (tenu par Tim Mead), sa sœur Éduige (Avery Amereau) ainsi que le Comte de Bénévent (Benjamin Hulett), le Duc de Turin (Andrea Mastroni) et la révélation Jakub Józef Orliński.
Un an et un trimestre après Lille (mais aussi Rennes), Le Nain continuera à mettre en exergue la cruauté des rapports sociaux ainsi que le génie délaissé du compositeur Alexander von Zemlinsky. La distribution conservée sera pour l'occasion accompagnée par l'Orchestre Régional de Normandie (à noter d'ailleurs que l'œuvre sera représentée le mois suivant à l'Opéra allemand de Berlin).
Quelques mois après son passage à Dijon, c'est également la Jenufa de Leoš Janáček en langue et interprétation originale qui se rendra à Caen. L'occasion pour Yves Lenoir de mettre en scène la responsabilité sociétale derrière les plus tragiques "faits divers".
Caen accueillera aussi une nouvelle production d'opéra (et première in loco) : Der Freischütz de Carl Maria von Weber, fameux opéra-symbole du romantisme lyrique. L'opus est un moyen pour un orchestre classique d'élargir son répertoire (une tendance fréquente dans le monde musical où les phalanges baroques s'avancent au fur et à mesure jusqu'à Wagner et la musique contemporaine), puisqu'il sera dirigé en l'espèce par l'Insula Orchestra de Laurence Equilbey. Sur le plateau, Clément Debailleul et Raphaël Navarro de la Compagnie 14:20, mettront en scène Tuomas Katajala (Max), Johanni van Oostrum (Agathe), Chiara Skerath (Annchen), Steven Humes (Kaspar), Christian Immler (Eremit), Thorsten Grümbel (Kuno), Samuel Hasselhorn (Ottokar), Anas Seguin (Kilian) et un comédien dans le rôle de Samiel (une co-production du Festival allemand du Ludwigsbourg, du Luxembourg, de Rouen et du TCE). Dans le même esprit, Les Talens Lyriques de Christophe Rousset confirmeront leur appétence pour le classicisme en contribuant à réhabiliter Antonio Salieri, qui n'est pas seulement le rival romanesque de Mozart mais aussi le compositeur de Tarare, donné en version de concert (également menée la saison prochaine à la Philharmonie de Paris, et à réserver à Versailles).
Le lyrique se fera également théâtre musical avec pas moins de six spectacles, partant des chansons (Songs) mises en scène par par Samuel Achache, avec Lucile Richardot : l'occasion pour les Correspondances et Sébastien Daucé de revenir à Caen où ils créèrent en 2017 leur projet royal, Le Ballet Royal de la Nuit. Un autre spectacle caennais s'inspirera de la musique anglaise du XVIIe siècle, le Miranda d'après La Tempête de Shakespeare sur des musiques de Purcell par (et avec) Katie Mitchell, l'Ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon, avec Allan Clayton (Ferdinand), le Pasteur Marc Mauillon, Henry Waddington (Prospero) : déjà apprécié au Comique.
Autre richesse de l'inspiration, L'Heptaméron d'après Marguerite de Navarre et les madrigaux de Claudio Monteverdi, Carlo Gesualdo et Luca Marenzio. L'occasion de retrouver deux artistes très en vue : le concepteur et metteur en scène Benjamin Lazar ainsi que le Directeur musical Geoffroy Jourdain avec Les Cris de Paris, ainsi que quinze comédiens, chanteurs et instrumentistes.
L'Isango Ensemble adaptera enfin deux œuvres : La Flûte enchantée de Mozart (chanté en anglais et en xhosa), et A Man Of Good Hope de Jonny Steinberg (écrivain sud-africain né en 1970), une odyssée depuis le pays des Boers vers l'Amérique, au son des marimbas et djembés. Le dernier voyage sera celui de Nahasdzáán ou le monde scintillant, un oratorio pour instruments, danse, voix et animaux composé par Thierry Pécou "à partir des quatre mondes mythiques des Navajos qui recouvrent le mental, le corps, l'esprit et le social".