Musiques en fête : Gluck par Ambroisine Bré
Créé au Burgtheater de Vienne en 1762, Orphée et Eurydice connaît rapidement plusieurs versions et remaniements, d'abord de la main de Gluck (le rôle-titre confié à un contralto castrat dans la version viennoise fut transposé pour un soprano castrat à Parme et pour un haute-contre à Paris), puis de celle d'autres compositeurs (dont celle de Berlioz, qui confia le rôle d'Orphée à une mezzo-soprano).
En réalisant une adaptation du mythe d'Orphée à l'opéra, Gluck se situe face à une multitude de versions antérieures remontant à l'œuvre maîtresse de Monteverdi composée un siècle et demi plus tôt. S'engageant à renouveler les codes de l'opéra, le compositeur décide de se concentrer sur la cohérence et la force dramatique de son ouvrage afin de produire une œuvre d'une grande richesse narrative, et dont les mots entrent en parfaite résonance avec la musique qui les soutient.
À la mort de son épouse Eurydice, Orphée décide de descendre la chercher aux enfers : l'Amour l'y autorise à la condition qu'il ne pose pas son regard sur elle. L'air "J'ai perdu mon Eurydice" se situe en plein cœur de l'Acte III lorsqu'Orphée vient chercher sa bien-aimée. Mais cette dernière lui reproche de fuir son regard, croyant sa tendresse perdue, et refuse de le suivre (« Viens ! Suis un époux qui t'adore »). Les deux époux se trouvent étreints par le tourment (« Fortune ennemie, Quelle barbarie ! »). N’y résistant plus, Orphée regarde sa bien-aimée, la perdant ainsi à jamais. Il est aussitôt pris d’un profond remord (« J'ai perdu mon Eurydice »).
Ambroisine Bré (Mozart de l'Opéra 2017 et Révélation Classique de l'ADAMI) interprète aujourd'hui l'air "J'ai perdu mon Eurydice" :
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Voici le texte du livret :
J'ai perdu mon Eurydice
Rien n'égale mon malheur
Sort cruel ! Quelle rigueur !
Rien n'égale mon malheur
Je succombe à ma douleur
Eurydice ! Eurydice !
Réponds ! Quel supplice !
Réponds-moi
C'est ton époux, ton époux fidèle
Entends ma voix qui t'appelle
Ma voix qui t'appelle
J'ai perdu mon Eurydice
Rien n'égale mon malheur
Sort cruel ! Quelle rigueur !
Rien n'égale mon malheur
Je succombe à ma douleur
Eurydice ! Eurydice !
Mortel silence ! Vaine espérance !
Quelle souffrance !
Quel tourment déchire mon cœur
J'ai perdu mon Eurydice
Rien n'égale mon malheur
Sort cruel ! Quelle rigueur !
Rien n'égale mon malheur
Sort cruel ! Quelle rigueur !
Je succombe à ma douleur
à ma douleur
à ma douleur