Le chœur, ultime personnage de Robert le Diable
Nous vous avons présenté les caractères individuels et les airs de Robert, Isabelle, Bertram, Alice, Raimbaut, du Héraut d’armes et du Maître des cérémonies, mais notre série s'est ouverte, avant eux, sur un autre personnage, absolument principal pour cette œuvre : l'Orchestre. Bien entendu et dans cette même logique, c'est un autre personnage principal qui vous est présenté aujourd'hui : le chœur. Leur chef à l'Opéra National de Bordeaux, Salvatore Caputo souligne ainsi combien le chœur est un personnage à part entière et même plusieurs, incarnés à travers l'œuvre et à travers les pupitres : "Le chœur est très bien employé par Meyerbeer, il joue un rôle musical et stratégique dans l’intrigue. Certains artistes du chœur chantent également des seconds rôles ce qui valorise leur travail. Dans ce même opéra, le chœur joue à la fois les rôles des chevaliers, des joueurs, des personnes de la cour, des moines, mais aussi des démons et des anges. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. Nous devons passer d’un caractère à l’autre, et la voix, qui est le seul instrument qui peut changer de couleur instantanément, est réellement au service de l’histoire.
Il faut pouvoir mettre l'accent sur la prononciation parfaite du français, dans le style de l'époque de cette œuvre et créer des accents émotionnels avec la voix qui peut représenter les forces du bien et du mal."
Le chœur, ou plutôt les chœurs dans Robert le Diable, prennent ainsi de multiples formes et caractères : chœur des buveurs, chœurs dansés, chœurs clairons, chœur satanique, chœur de femmes, chœur d'allégresse, chœur de la cour, chœurs prières, chœur religieux/final.
Ils interprètent ici “Quelle aventure” à un moment-clé de l'intrigue :
Le chœur s’éveille progressivement après avoir été endormi par Robert et son rameau magique (dans ce quatrième acte et le deuxième épisode de notre série). Robert est arrêté, Isabelle s’évanouit
Quelle aventure !... Est‐ce un prestige ? Quelle langueur nous glaçait tous ?
Sommeil étrange !... où sommes‐nous ? Mon cœur se trouble à ce prodige, Et ma raison vraiment s'y perd.
Que vois‐je ! O ciel !... Robert ! Robert !
Arrêtons, saisissons ce guerrier téméraire ; C’est en vain qu’il voudrait s’échapper de nos bras.
Au destin qui l’attend rien ne peut le soustraire, Et le jour doit demain éclairer son trépas.
Les enjeux de tous les chœurs de cette partition et de tous les personnages sont ainsi à la hauteur des dimensions de l’œuvre, de la rareté de l’ouvrage et des ambitions des artistes, comme l’annonce le chef de chœur : “Nous sommes très heureux de participer à cette œuvre incroyable et peu connue du répertoire français. Nous espérons que cette pièce recevra le même succès à Bordeaux qu’à sa création en 1831 à Paris.”
Pour naviguer parmi les Airs du jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- L'ouverture et l'orchestration
2- Robert le Diable
3- Princesse Isabelle
4- Bertram
5 - Alice
6- Raimbaut
7- Le Héraut d'Armes
8- Maître des Cérémonies
9- Chevalier et prêtre
10- Choeur