Le cinéaste Benoît Jacquot naît le 5 février 1947 dans le XVIe arrondissement de Paris. Il se prend très tôt de passion pour le cinéma (vers douze ans) alors que la Nouvelle Vague est en train de démarrer. Il devient cinéphile vorace et hante la Cinémathèque. Il met très vite fin à ses études pour devenir assistant réalisateur en 1965. Il travaille sur des films de Roger Vadim et Marcel Carné, mais c’est surtout avec Marguerite Duras qu’il entretient une relation privilégiée pendant ces années formatrices. Il réalise en 1975 son premier film, L’Assassin musicien, avec l’égérie de la Nouvelle Vague Anna Karina dans le rôle principal. Ses films sont caractérisés par la retenue de leur mise en scène et la place relativement faible qu’y occupe la narration.

Le producteur Daniel Toscan du Plantier lui propose en 2001 de réaliser une version filmée de Tosca de Puccini, avec dans les deux rôles centraux le couple star alors formé par Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, accompagnés de Ruggero Raimondi dans le rôle de Scarpia, sous la direction musicale d’Antonio Pappano. Quoique sa prédilection pour l’art lyrique soit plutôt pour le répertoire moderniste, il accepte et le résultat remporte les suffrages du public et de la critique. Le film est tourné à Rome, sur les lieux de l'intrigue, y compris au Château Saint-Ange. Mis à part quelques expérimentations (des vues en studio d’enregistrement, l’insertion d’une réplique parlée, playback apparent à plusieurs reprises), le film cherche surtout à conserver l’esprit de l’œuvre et à en offrir une mise en image qui n’en étouffe pas le travail des chanteurs.

En 2004, Antonio Pappano, qui est devenu Directeur musical du Royal Opera House, lui propose de faire ses débuts à la mise en scène dans Werther de Massenet, avec Marcelo Alvarez dans le rôle-titre. Loin des actualisations tonitruantes, cet habitué des films historiques adopte le parti-pris de rester dans la période de l’œuvre. La mise en scène reste dans l’épure pour donner le champ libre à la performance des chanteurs et à l’émotion. Elle est reprise triomphalement à l’Opéra de Paris en 2010 avec Jonas Kaufmann dans le rôle-titre. Le succès de Werther conduit l’Opéra de Paris à lui confier La Traviata de Verdi en 2014, avec Diana Damrau dans le rôle-titre. Là aussi, la mise en scène est placée sous le signe de l’épure, le décor étant réduit à quelques éléments comme un lit gigantesque dans l’appartement de Violetta ou un très grand arbre dans sa retraite à la campagne.

Depuis, Benoît Jacquot se consacre à sa carrière cinématographique même si ses mises en scène continuent d'être régulièrement reprises. Son dernier film, Suzanna Andler, est sorti en 2021.