Mozart et Benjamin au Festival Les Volques à Nîmes
Après Philippe Manoury et Ludwig van Beethoven, Helmut Lachenmann et Franz Schubert, Betsy Jolas et Robert Schumann la 4ème édition du Festival Musique Classique Contemporaine "Les Volques" met donc Benjamin et Mozart en regard, voire plutôt (dans ce programme en tout cas), en confrontation, mais bienveillante : dans l'esprit des joutes virtuoses qui parsèment l'histoire de la musique et la carrière des interprètes. D'autant plus lorsqu'un fil rouge se dégage du programme, comme c'est le cas ici avec la poésie et l'amour.
Les deux pièces du compositeur anglais contemporain sont défendues avec brio et panache, à commencer par Flight, par le flûtiste Gionata Sgambaro, constamment expressif dans la longueur de ses phrases surmontées d’intervalles périlleux et parfois volontairement écorchés, mais en sachant revenir pleinement au calme après la tempête, avec un son grave onctueux.
Carole Roth, directrice artistique du Festival (présidé par François-Xavier Roth) tient en personne l'alto, aux côtés de la violoniste Isabelle Faust en un complice duo de Mozart. La virtuosité et le dynamisme s'expriment en passant par des nuances précises, qualités également convoquées dans le duo Viola, Viola (pour deux altos) entre Carole Roth et Laurent Camatte. Le travail polyphonique à deux se structure sur de grands coups d'archets assumant leur intensité jusqu'à la brutalité recherchée (George Benjamin est un compositeur de la poésie et de la violence mise en musique : comme en témoignent ses opéras, si beaux et cruels).
La soprano Julia Knecht-Marcelli est dotée d’une étendue particulièrement large allant de graves charnus jusqu'à des aigus aériens et aisés. Elle sait en jouer, avec les textures vocales de son discours et une maitrise du vibrato, tantôt bien chargé, tantôt plus léger et naturel, aussi bien pour des Lieder de Mozart (avec une diction allemande minutieuse) que des airs d'opéra (avec innocence et timidité pour Susanna).
La mezzo-soprano Sharon Carty démontre également un bel engagement en duos (notamment en Comtesse avec un jeu agile). Sa voix franche affirme ses phrases par des aigus particulièrement riches et sonores. En revanche, la tessiture manque légèrement d’équilibre (les graves mériteraient davantage d’ancrage et de vibrato).
Le pianiste Hugues Chabert offre un accompagnement attentionné mais ample aux chanteuses, sachant notamment mettre en valeur les thèmes instrumentaux de la partition d'orchestre ici réduite au clavier.
Les artistes, dont Sir George Benjamin présent dans la salle, sont chaleureusement remerciés par le public, qui semble avoir été conquis, par les deux styles.