Occupation du plateau à l'Opéra de Marseille : vos réactions (très nombreuses)
La quasi-totalité des commentaires témoigne du choc ressenti face à cette information, l'image surréaliste de techniciens occupant la scène durant le spectacle et les explications de notre correspondant présent dans la salle ainsi que d'autres témoignages directs confirmant le climat de tension extrême avec des confrontations sur scène, en salle et dans les coulisses (une situation dont plusieurs d'entre vous ont dénoncé la "violence").
"Aucun respect pour les artistes chanteurs et musiciens et pour les spectateurs qui parfois, viennent de loin, ont réservé leur place depuis longtemps, ont payé leur transport et à minima une nuit d'hôtel pour pouvoir assister"
Parmi les très nombreux commentaires que nous avons reçus et qui ont été publiés sur nos pages, celui-ci (signé Marie-Laure Coupeau) a entraîné le plus de réactions et résume les griefs principaux adressés aux techniciens ayant occupé la scène. Nos lecteurs appellent ainsi au respect du travail des interprètes (un "boulot monstre" selon Nastya Von Teese) mais également du public ("Vu le prix des places, j'imagine la colère des spectateurs" écrit Laurence Gillet, ou encore "Le rideau qui s’ouvre donne accès au rêve. Tout le reste est gommé, on ne doit pas le voir ! C’est ça la magie : on ne doit pas sentir le travail." selon Hervé Rvst) et de l'institution alors que de nombreux opéras (et la culture en général) sont menacés par des baisses budgétaires : on ne "scie pas la branche sur laquelle on se tient" (Mirabelle Pincé).
A l'inverse, plusieurs commentaires prennent la défense des techniciens et mettent en lumière les revendications qui ont motivé cet incident regrettable (éléments également présents dans notre article, avec la réponse de l'institution) : "17 mois d'heures supplémentaires non payées tout de même !" s'exclame Viviane La Placa. "Je comprends certaines revendications qui ne sont jamais entendues..." explique Magali Pascal.
Quelques commentaires rappellent que les techniciens ont eux aussi des compétences uniques et qu'il s'agit de ne pas les déconsidérer au bénéfice des artistes interprètes. Un commentaire détaillé reprend d'ailleurs ce point tout en faisant un parallèle avec la question des mises en scène modernes : "Il y a tant de mises en scène décalées, minimalistes, provocantes, qu’intégrer les techniciens au spectacle d’un soir n’a pas dû les [les artistes] déranger, bien au contraire. On oppose les « artistes » et les soi-disant « non-artistes » alors qu’une costumière, un ingénieur lumière ou son, etc... fait entièrement partie de l’opéra." réagit Muriel Guérinel. Lo Taï se montre également compréhensive : "Malheureusement, ça s'appelle un moyen de pression. On peut imaginer qu'ils ont eu recours à d'autres moyens mais qu'au bout de 17 mois, le rapport de force se muscle". Catherine Martin va même plus loin : "Vous ne savez rien de leurs problèmes, de la façon dont ils ont cherché à les exprimer avant. Quand le statut des intermittents du spectacle aura disparu vous n’aurez peut-être plus de spectacle. Je vais à Bastille mercredi : si ça se passe, je serai fière de les soutenir" !
Bien entendu, plusieurs d'entre vous interrogent le rapport avec le mouvement des Gilets Jaunes. Toutefois, si les manifestations de ces dernières semaines ont perturbé des spectacles, aucun lien ne peut être établi entre l'occupation de la scène à l'Opéra de Marseille et les Gilets Jaunes. L'institution lyrique et les personnes sur place se sont certes posé la question, étant donné le contexte actuel, mais ont rejeté cette hypothèse. Il n'en demeure pas moins que plusieurs messages soulignent le climat social tendu et combien tout le monde en pâtit, qu'il s'agisse des commerçants, de l'opéra et généralement des citoyens : "Je ne veux pas faire un amalgame mais je constate que plus personne n'est satisfait de ses conditions de travail et le fait savoir. Nous arrivons à Un tournant dans l'Histoire ! C'est bien triste..." déplore Viviane La Placa.
Certaines remarques posent également des questions pratiques sur le devenir des employés : "Après ça, ils se feront tous licencier pour faute grave." selon Ryoko Akiyama. Il s'agira en effet de suivre les conséquences de cette occupation alors qu'aucun préavis de grève n'avait été déposé.
Signalons enfin un commentaire inquiet de Michele Gerbeau : "Moi qui souhaitait y aller en fin d’année c’est fichu". Il n'y a cependant aucun préavis de grève pour les prochaines représentations et l'occupation n'a finalement pas empêché l'essentiel du spectacle de se tenir, apparemment sans influence sur la mise en scène prévue.
Comme toujours, nous vous donnons rendez-vous sur olyrix.com ainsi que sur nos réseaux sociaux : nous continuerons à vous apporter toutes les informations disponibles et à échanger avec vous.
C'est enfin pour nous l'occasion de vous remercier : non seulement pour la quantité, la variété et la richesse de vos réactions, mais également car, en des temps où les réseaux sociaux servent si souvent de déversoirs pour des propos outranciers, les débats sont ici restés courtois et argumentés, bien que vifs et engagés (et c'est tant mieux !).