Au bord de l’infini : contemplations musicales de Victor Hugo
Inspiré par l’œuvre de Victor Hugo, l’organiste et compositeur Dominique Chevalier a sélectionné quatre poèmes des Contemplations qui évoquent avec une grande puissance poétique et émotionnelle la solitude, l'obscurité et l'infini, ainsi que la quête de sens et de transcendance, particulièrement après la mort soudaine de sa fille Léopoldine. Dès le premier poème sombre et mystérieux (le fameux "Demain, dès l'aube..."), l'orgue dévoile un paysage poétique d'où émerge une lumière diffuse grâce à la musicalité très soignée du hautbois. La voix du ténor Artavazd Sargsyan résonne avec un timbre chaud et riche soutenu par un vibrato envoûtant, son chant portant haut et loin les mots empreints d'émotion. Son phrasé délicat et soutenu accompagne ainsi une narration musicale pensée et poétique, où chaque instrument, du hautbois (Chi-Hua Lu) au violoncelle (Jean-Michel Moulin), apporte sa propre sensibilité musicale, créant ainsi une palette sonore riche et nuancée.
L'organiste Salomé Gamot, par ses introductions et commentaires musicaux éloquents, occupe une place prépondérante, offrant des couleurs puissantes et évocatrices. Elle apporte au discours un agréable soutien, tout au long de l’œuvre, avec autorité, parfois tendre comme une mélopée vocale. Son jeu subtil amplifie les émotions sonores, enveloppant le ténor dans un écrin de sonorités chatoyantes et émouvantes. La mezzo-soprano Marie-Laure Coenjaerts, lumineuse et expressive, vient compléter ces tableaux musicaux.
Malgré la prise de son (ajoutant du souffle et ôtant précision et perspectives), la musique s'imprègne et déploie l'exploration endeuillée et mystique de l'œuvre poétique de Victor Hugo. Les mélodies parfois chromatiques, portées par la prosodie précise du ténor, résonnent en rappelant des univers sonores post-romantiques et impressionnistes, dans un effet oxymorique, aux sombres teintes lumineuses et translucides.