Lux : voyage à la lumière des siècles avec La Sportelle
Fondé en 2017 et parcourant dix siècles de musique sacrée, l’ensemble La Sportelle indique un riche patrimoine dès son nom : celui d'une médaille représentant littéralement la Vierge de Rocamadour et symboliquement le pèlerinage vers ce lieu. Cet ensemble emblématique du projet artistique de ce lieu s'est inspiré des tableaux de Rembrandt et du Caravage pour graver ce programme Lux, varié et structuré autour de la lumière sonore. La basilique de Rocamadour, adossée à une impressionnante falaise, ne manque pas non plus de multiplier les lumières et couleurs diverses et saisissantes. Poulenc en fut lui aussi particulièrement ému et c’est justement ce compositeur qui donne les touches essentielles du programme, aux côtés de chants grégoriens et de motets de Tomás Luis de Victoria dont la polyphonie l’a fortement marqué.
Le voyage à travers la quête du retour de la lumière, en pleine résonance avec cette période des fêtes de fin d’année, mène l’auditeur jusqu’à l’œuvre Lux Nova d’Eric Whitacre (compositeur américain né en 1970) en passant par deux motets du romantique autrichien Bruckner.
Un petit temps d’adaptation est nécessaire pour que l’oreille parvienne à rentrer dans la subtilité de la prise de son de Cyrille Métivier, qui atteint un équilibre délicat entre la captation au plus proche et précis des voix, avec la particularité des timbres, tout en préservant la réverbération unique de la basilique de Rocamadour. Il en ressort un son d’ensemble particulièrement transparent, offrant des couleurs harmoniques limpides et équilibrées avec grand soin. Malgré les intonations difficiles et la polyphonie complexe, le contraste des intentions se fait saisissant. Cependant, et malgré des graves nourris, une voix de basse ressort un peu trop dans ses inflexions médiums-aigus, n'offrant pas la même souplesse, ni la même façon de timbrer. La pureté de timbre des sopranos se fait aérienne, mais leurs phrasés conduits avancent avec sûreté et régularité, dans un élan commun bien dirigé : les mélodies se croisent alors avec une tendresse à peine retenue.
Les harmonies caressantes et les mélodies touchantes des textures polyphoniques mènent vers de chaleureux motifs et de douces dissonances expressives. L'intimité sonore se fait telle qu'elle peut étonner (voire parfois décevoir certaines oreilles qui auraient pu vouloir certains élans dans certains passages emportés). Le charme demeure le premier allié de l'émotion dans ce parcours qui s'achève, tout doucement, à l'image de ce voyage, caresse réconfortante hors du temps, signée Whitacre, nommée "Lux Nova".