Le Conservatoire de Levallois-Perret propose Pagliacci de Leoncavallo avec l'Orchestre Symphonique Maurice Ravel, le chœur d'enfants et jeune chœur d'Île-de-France ainsi que de jeunes solistes professionnels, dirigés par Vincent Renaud dans une mise en scène somptuaire de Philippe Corre.

Pagliacci sans Cavalleria Rusticana : les deux opéras, œuvres sœurs au point d'être devenues jumelles voire siamoises tant elles sont -ou plutôt étaient- quasi-systématiquement représentées ensemble sont ici séparées. Seul le premier opus est à l'affiche, mais c'est car il s'agit d'une œuvre (et ici d'un spectacle complet) à part entière.

Après Carmen en 2015 et La Bohème en 2017, l'Orchestre Symphonique Maurice Ravel offre à Levallois un spectacle complet et de grande qualité, qui n'aurait pas démérité sur une scène d'opéra en région. Le professionnalisme de la production et de l'interprétation musicale sait même s’appuyer sur l’enthousiasme et la fraîche jeunesse des artistes (un exemple particulièrement marquant et touchant est incarné par une jeune fille traversant la scène sur un gros ballon roulant, au son d'une musique envoûtante -la poésie et le monde du cirque s'unissant d'autant mieux qu'ils sont les thèmes de cet opéra Pagliacci).

Un somptueux tableau de défilé religieux rappelle même les productions de grandes salles lyriques et une procession à la Cavalleria Rusticana.

Le plateau vocal est à l'image du plateau scénique (et de la fosse). Antonel Boldan décroche un nouveau rôle principal (Canio/Pagliacci) , après avoir interprété Pinkerton pour Madame Butterfly à Clermont-Ferrand. C'est également lui qui faisait Parpignol, mime lunaire, entouré d'enfants et de garçons de café jongleurs et acrobates dans La Bohème intersidérale à Bastille mais également dans un autre registre, il avait défendu le bicentenaire de Gounod à l'Église.

Clémentine Decouture habite Nedda/Colombina la femme et amante, d'un soprano et d'une incarnation ayant déjà dépassé les stades de la promesse vocale (pour cette jeune artiste qui multiplie les rôles et récitals).

Le baryton Christian Helmer (Tonio) rappelle qu'il est habitué des plus grandes salles et confirme le prestige du spectacle offert à Levallois, puisqu'il a déjà chanté à Orange (Musiques en fête) et Bastille (Panthée dans la nouvelle production anniversaire des Troyens de Berlioz par Tcherniakov). Il sera d'ailleurs à l'affiche des Festivals cet été et, la saison prochaine, à Paris, Montpellier, Caen.

Jérôme Boutillier (Silvio) complète le casting, assurant une nouvelle fois un remplacement très remarqué !

Le chef d’orchestre Vincent Renaud dirigeait Carmen mise en scène en plein air par Radu Mihaileanu l'été dernier et il dirigera à l'Opéra de Lyon la saison prochaine I was looking at the ceiling and then I saw the sky de John Adams (œuvre appréciée la saison dernière à Liège).