Argument
Acte I
Dans une grotte proche du Rhin, le Nibelung Mime, frère d’Alberich, essaie en vain d’assembler les morceaux de l’épée de Siegmund, Nothung, que le maître des dieux, Wotan, a brisé vingt ans auparavant. En effet, Mime a recueilli un jeune homme, Siegfried, dont la force permettrait de terrasser le géant Fafner, transformé en dragon grâce au heaume jadis forgé par Mime, et qui garde le trésor des Nibelungen (dont l’anneau magique volé à Alberich). Il faut cependant au jeune héros être armé de cette épée pour réussir cet exploit (« Zwangvolle Plage ! Müh ohne Zweck ! »). Justement, Siegfried fait son apparition, réclamant au Nibelung la solide épée que ce dernier lui a promise. Alors que Mime lui fournit celle qu’il vient de forger, Siegfried la brise comme une brindille et s’en prend avec mépris à son père adoptif (« Hoiho ! Hau ein ! Hau ein ! »). Ce dernier tente de l’émouvoir en lui rappelant tout ce qu’il lui a prodigué depuis qu’il l’a recueilli : mais il ne reçoit qu’un torrent de haine. Siegfried exige alors de connaître ses véritables origines (« Das ist nun der Liebe schlimmer Lohn ! »). Mime raconte avoir hébergé une femme en détresse du nom de Sieglinde. Cette dernière mourut en accouchant, lui confiant l’enfant ainsi que les débris d’une épée ayant appartenu au père de l’enfant (« Einst lag wimmernd ein Weib »). Aussitôt, Siegfried est pris d’enthousiasme et ordonne à Mime de reforger l’épée (« Und diese Stücken sollst du mir schmieden »).
Alors que Mime, resté seul, se morfond, n’étant pas capable d’assembler les morceaux de Nothung, un Voyageur armé d’une lance apparaît. Mime essaie de le chasser (« Da stürmt er hin! Nun sitz ich da »). Le Voyageur met donc sa tête en gage : s’il ne peut répondre à trois énigmes que lui posera Mime, ce dernier en disposera. Mais interrogé sur les Nibelungen, les géants et les dieux, le Voyageur répond aisément, retraçant l’histoire de l’anneau magique (« Hier sitz ich am Herd »). Le Voyageur impose alors à Mime de répondre lui-même à trois énigmes. Ainsi interrogé, Mime rappelle les raisons ayant poussé le maître des dieux, Wotan, à créer les Wälsungen, et indique qu’il sait que seul Siegfried, armé de Nothung, pourra vaincre Fafner. En revanche, il ne peut répondre à la troisième question : vainqueur, le Voyageur lui révèle que seul celui qui ne ressent pas la peur peut forger Nothung. Il laisse aussi à celui-là la vie de Mime, gagnée dans ce duel de connaissances (« Was zu wissen dir frommt, solltest du fragen »).
A ces mots, Mime est pris de peur et décide d’enseigner la crainte à Siegfried afin qu’il ne puisse pas prendre sa vie. Il parvient à éveiller la curiosité de ce dernier et lui conseille d’aller se mesurer à Fafner pour ressentir cette étrange impression qu’est la peur (« Verfluchtes Licht ! Was flammt dort die Luft ? »). Tandis que Siegfried forge l’épée de son père, Mime résout d’attendre que Fafner soit tué pour empoisonner Siegfried : il sauvera ainsi sa vie et s’appropriera le trésor du Niebelung (« Des Vaters Stahl fügt sich wohl mir »).
Acte II
Près de l’entrée de la grotte de Fafner, Alberich, frère de Mime et ancien propriétaire du trésor du Niebelung, surveille les lieux, rêvant de récupérer son bien (« In Wald und Nacht vor Neidhöhl halt ich Wacht »). Le Voyageur paraît alors : Alberich reconnait aussitôt Wotan, comprenant que le dieu des dieux ne peut reprendre lui-même au géant le trésor, sous peine de violer ses propres lois, inscrites sur la lance dont il tire son pouvoir. Il lui rappelle également qu’il a lui-même maudit l’anneau, vouant son propriétaire à la mort, et comprend que Wotan compte utiliser Siegfried pour mettre la main sur l’anneau. Wotan déclare ne pas vouloir l’anneau pour lui, au contraire de Mime, contre lequel il met son frère en garde (« Wer naht dort schimmernd im Schatten ? »). Ensemble, ils alertent Fafner, lui proposant de sauver sa vie en échange de l’anneau, mais, confiant dans sa puissance, ce dernier s’y refuse. Wotan quitte les lieux (« Fafner ! Fafner ! Erwache, Wurm ! »).
Mime guide Siegfried jusqu’à l’antre du dragon (« Wir sind zur Stelle ; bleib hier stehn »). Après avoir chassé son père adoptif, le Wälsung pense à ses véritables parents (« Daß der mein Vater nicht ist »). Son attention est attiré par un Oiseau : il tente en vain de communiquer avec lui (« Du holdes Vöglein ! Dich hört ich noch nie »), mais réveille en fait Fafner avec qui il engage un combat dont il sort vainqueur. Avant de mourir, Fasolt, qui constate son ingénuité, le met en garde contre celui qui l’a incité à commettre ce crime (« Ha ha ! Da hätte mein Lied mir was Liebes erblasen ! »). Transformé par le sang de Fafner, Siegfried comprend à présent le chant de l’Oiseau, qui lui conseille de prendre l’anneau et le heaume dans l’antre du dragon (« Ist mir doch fast, als sprächen die Vöglein zu mir ? »). Tandis que Mime et Alberich se disputent déjà le trésor, l’Oiseau met en garde Siegfried contre les intentions de Mime (« Wohin schleichst du eilig und schlau »). Justement, ce dernier s’approche, prêt à commettre son crime. Mais, le sang du dragon lui donnant la capacité à lire dans les pensées de son père adoptif, il comprend son stratagème et lui enfonce Nothung dans le cœur (« Was ihr mir nützt, weiß ich nicht »). Prenant de nouveau conseil auprès de l’Oiseau, il apprend que Brünnhilde l’attend dans son cercle de flamme, et qu’elle sera à lui s’il la réveille : ne désirant rien d’autre, le Wälsung s’élance (« Noch einmal, liebes Vöglein »).
Acte III
Wotan convoque Erda, qui jadis alluma dans son cœur le tourment du crépuscule des dieux. Il lui annonce qu’il ne craint plus à présent la fin des dieux : il la désire, cédant son héritage à Siegfried, héros sans peur né de son fils Siegmund, et qui est voué à réveiller et épouser Brünnhilde, fille qu’il eut jadis d’Erda elle-même. La Toute-sage déesse de la Terre retourne à son éternel sommeil (« Wache, Wala ! Wala, erwach ! »). Siegfried s’approche alors : Wotan tente de le dissuader de rejoindre le rocher de Brünnhilde, mais ce dernier rejette ses mises en garde. Tandis que Wotan brandit sa lance de pouvoir devant lui, Siegfried la brise d’un geste et poursuit son chemin, tandis que Wotan disparaît (« Mein Vöglein schwebte mir fort ! »).
Siegfried s’élance avec enthousiasme au milieu des flammes et parvient à rejoindre Brünnhilde, qui gît endormie. Siegfried s’en approche et dépose un baiser sur ses lèvres afin de l’éveiller (« Selige Öde auf wonniger Höh ! »). Ouvrant les yeux, elle s’extasie : les cœurs amoureux de Siegfried et Brünnhilde se trouvent immédiatement (« Heil dir, Sonne ! Heil dir, Licht ! »). Mais Brünnhilde est soudain saisie d’effroi, comprenant qu’elle n’est plus une Walkyrie, mais une simple femme (« Dort seh ich den Schild »). Elle prévient Siegfried : sa force et son savoir lui viennent de sa chasteté (« Sonnenhell leuchtet der Tag meiner Schmach ! »). Elle cède pourtant finalement à l’ardeur amoureuse de ce dernier, riant de sa divinité perdue et annonçant le prochain crépuscule des dieux (« Dich lieb ih : o liebtest mich du ! »).