Personnages
Siegfried
Tessiture
Ténor dramatique
Description du personnage
Fils de Sieglinde et Siegmund, petit-fils de Wotan, élevé par Mime
Analyse du personnage
Au début de l'opéra, Siegfried ignore qui sont ses réels parents : il demande surtout à Mime qui était sa mère, puisque le nain n'a pu concevoir un enfant seul. Une fois que Mime cède et lui révèle l'identité de ses parents, Siegfried en est à la fois soulagé (« Il n'est pas mon père et je m'en réjouis », acte II scène 2) mais d'autant plus avide de connaître de plus amples détails sur ses vrais parents. Siegfried ignore qu'il est le petit-fils de Wotan, qu'il rencontre à et qu'il prend pour l'ennemi de son père (acte III, scène 2), ni même qu'il doit accomplir de grandes actions comme s'emparer de l'Anneau des Nibelungen en tuant Fafner, briser la lance de Wotan puis libérer Brünnhilde de son sommeil. Le troisième opéra de la Tétralogie wagnérienne met en avant un héros encore adolescent, assez naïf pour vouloir à tout prix apprendre ce qu'est la peur (qu'il veut connaître auprès du dragon) mais surtout doué d'un instinct inné, grâce auquel il reforge Notung, bien qu'il n'ait jamais appris à forger. S'il représente l'espoir (pour Wotan, celui d'acquérir l'Anneau pour le rendre au Walhalla ; pour Brünnhilde, celui de la libérer du sommeil), Siegfried n'agit souvent que par instinct ou suite aux conseils livrés par les uns et les autres (Mime, qui lui conseille d'aller apprendre la peur auprès du dragon ; l'Oiseau de la forêt) et semble préférer la contemplation de la Nature à la compagnie de ceux qui l'entourent, qui ne le voient que comme un moyen pour atteindre leur but. Cela explique l'interlude orchestral des « Murmures de la forêt » (acte II, scène 2). Impatient d'aller par-delà la forêt pour fuir Mime qui le dégoûte, Siegfried est avant tout caractérisé par son intrépidité et son inconscience. C'est ce qui lui permet d'atteindre le but ultime qu'il s'est fixé dans cet opéra : apprendre la peur avec Fafner, puis libérer Brünnhilde des flammes du rocher. Dans un premier temps effrayé par la Femme (il n'en a jamais vue auparavant), Siegfried tombe vite sous le charme de Brünnhilde et croit même reconnaître en elle sa propre mère (alors que Mime lui a dit que cette dernière est morte).
Mime
Tessiture
Ténor lyrique
Description du personnage
Nibelung (Nain), frère d'Alberich, père adoptif de Siegfried
Analyse du personnage
Personnage présent dans L'Or du Rhin, Mime convoite l'Anneau et le heaume magique depuis qu'il les a forgés. Mime est devenu encore plus avide depuis qu'il a eu la « chance » de recueillir Sieglinde et Siegfried enfant après La Walkyrie, pour élever le jeune homme en vue de tuer Fafner. Hypocrite et calculateur, Mime se voit constamment dépassé par les événements et ne tire aucun profit dans la Tétralogie : il ignore les pouvoirs du heaume magique qu'il a pourtant forgé de sa propre initiative (L'Or du Rhin), il a été le meilleur forgeron du Nibelheim mais ne parvient pas à reforger les débris de Notung, et Siegfried ne le croit ni lorsque le nain affirme qu'il l'a élevé avec amour, ni lorsqu'il tente d'empoisonner le jeune Wälsung.
Les maladresses et le physique de Mime tendent à classer ce personnage dans un rôle plus léger (à défaut d'être pleinement « comique ») dans l'ensemble de la Tétralogie, et peut expliquer pourquoi il est souvent confié à des ténors bouffe ou des ténors lyriques avec une bonne énergie scénique. La scène 3 de l'acte I dans laquelle Siegfried reforge Notung voit un Mime rivaliser en aigus avec Siegfried, et requiert autant une agilité vocale qu'une voix riche en harmoniques pour ne pas être effacée par le Heldentenor interprétant Siegfried ou par l'orchestre wagnérien.
Wotan
Tessiture
Baryton-Basse
Description du personnage
Grand-père de Siegfried, Maître des Dieux, sous la forme humain du Voyageur (Wanderer)
Analyse du personnage
Le rôle de Wotan dans Siegfried est résumé à la figure du Wanderer (traduit comme « Le Voyageur » en français) : il erre autant chez Mime que devant l'antre de Fafner, puis devant le rocher de Brünnhilde où il attend l'arrivée de Siegfried. L'errance se traduit également dans ses actes : aux buts impossibles qu'il poursuit et qui sont inscrits sur sa lance (il ne pourra récupérer l'Anneau qui a été le tribut des Géants), il est partagé entre la crainte d'une fin humiliante des Dieux du Walhalla et le désir d'accomplir celle-ci, afin de mettre fin à sa souffrance éternelle, due à sa malédiction. S'il conserve devant Mime, Alberich et Erda sa stature et sa noblesse, les questions qu'il adresse à Erda le mènent à la résignation et il finit par proclamer qu'il ne craint plus la fin des Dieux. Le fait même de tirer la déesse-mère de son sommeil montre d'ailleurs une certaine fébrilité cachée de Wotan. Il semblerait que le Maître des Dieux cherche à être témoin de l'ascension de Siegfried tant par amour pour sa descendance (amour qu'il proclame à l'acte III, scène 2, bien que Siegfried ignore que Wotan ait engendré les Wälsungen dont il fait partie) que pour voir enfin le Crépuscule des Dieux. Pour autant, Wotan ne répond pas à Alberich lorsqu'il accuse le Maître des Dieux de vouloir remettre la main sur l'Anneau de façon indirecte, alors même qu'il avait conçu Siegmund, le père de Siegfried (La Walkyrie), pour qu'il reprenne l'Anneau en contournant les Traités inscrits sur sa lance. Le dialogue avec Erda aboutit à un discours humble et lucide de Wotan : il « lègue désormais [son] héritage au sublime Wälsung », parole capitale du Maître des Dieux juste avant que Siegfried ne brise sa lance.
Alberich
Tessiture
Baryton-Basse
Description du personnage
Ancien roi des Nibelungen (Nains), frère de Mime
Analyse du personnage
Alberich apparaît à deux reprises dans Siegfried : une première fois à l'ouverture de l'acte II, scène dans laquelle le nain rencontre pour la dernière fois Wotan. Alberich a gardé la rancune qu'il vouait à Wotan, avec une hargne et une violence illustrées par l'agitation orchestrale et un débit vocal saccadé. Depuis la fin de L'Or du Rhin, il a veillé sur l'antre du dragon (c'est-à-dire du Géant Fafner). Après qu'il ait perdu l'or, l'Anneau et le Tarnhelm (heaume magique permettant de prendre une autre apparence), il a nourri des rêves de grandeur : lorsqu'il aura de nouveau l'Anneau, il se battra contre le Walhalla avec l'armée de Hella et deviendra ainsi le maître du monde. La seconde apparition d'Alberich le confronte à son frère Mime, qui essaie également de se procurer le trésor de Fafner : les anciennes rancunes sont toujours présentes, à ceci près qu'Alberich n'est plus le Roi des Nibelungen et ne retient plus Mime comme esclave. Aux compromis proposés par son frère, Alberich ne répond que par la négative. Il n'a pas d'impact sur le nouveau propriétaire de l'Anneau dans Siegfried, sa présence étant surtout un moyen pour Wagner de rappeler la concurrence dans laquelle Alberich se lance avec Wotan et son frère Mime.
Brünnhilde
Tessiture
Soprano dramatique
Description du personnage
Fille de Wotan et d'Erda, ancienne Walkyrie
Analyse du personnage
C'est une nouvelle Brünnhilde qui est en scène dans Siegfried : déchue de son statut de Walkyrie par Wotan, elle découvre sa condition de femme en étant éveillée par Siegfried. Wagner montre ainsi un nouveau visage de la fille aimante et vaillante qu'était Brünnhilde dans La Walkyrie à travers la fébrilité et les doutes qui assaillent la jeune femme à la vue de la perte de ses attributs de guerrière (bouclier, heaume, cuirasse). De vierge éternelle, Brünnhilde devient à présent femme et s'apprête à devenir un nouvel être en consommant son amour avec Siegfried, celui qu'elle attendait et qui devait la libérer du châtiment de Wotan. Ses pressentiments, peut-être hérités de sa mère Erda, sont capitaux dans Siegfried : ils confirment ses actions passées dans La Walkyrie et annoncent les événements à venir dans Le Crépuscule des Dieux. Pendant féminin à Siegfried, c'est cette conscience de la portée des actions qui constitue la véritable force de Brünnhilde, par opposition à l'instinct primaire de son amant, et c'est uniquement Brünnhilde qui « accomplira l'acte rédempteur du monde » selon Wotan (acte III, scène 1).
Erda
Tessiture
Contralto
Description du personnage
Déesse-mère de la Terre
Analyse du personnage
D'abord apparue à Wotan dans L'Or du Rhin pour professer la fin de l'ère des Dieux, Erda est cette fois-ci tirée de son sommeil conscient par le Maître des Dieux dans Siegfried pour qu'elle l'éclaire encore une fois de son savoir. Mais Erda ne sera d'aucune aide à Wotan, ne pouvant ni changer le cours des événements, ni lui révéler de nouveaux éléments. Le Maître des Dieux va jusqu'à affirmer le déclin des pouvoirs d'Erda (« La sagesse des mères touche à sa fin : ton savoir s'efface devant mon vouloir », acte III scène 1), mais les réponses déviées de la déesse et son silence peuvent également être interprétées comme un refus de coopérer.
Fafner
Tessiture
Basse
Description du personnage
Géant sous la forme d'un dragon
L'Oiseau de la forêt
Tessiture
Soprano colorature