Messe de Byrd par Les Arts Florissants, Hommage d’Ambronay
La Directrice du Centre Culturel de Rencontre d’Ambronay, Isabelle Battioni rend cet hommage avant le concert, partageant avec toute l’assemblée ses pensées émues, pour les proches du chanteur, pour ses amis musiciens, pour ceux de La Cappella Mediterranea et du Chœur de chambre de Namur auprès desquels il interprétait la veille l’oratorio d'Antonio Draghi, Il dono della vita eterna (Le Don de la Vie éternelle). Le Directeur musical de ce concert endeuillé, Leonardo García Alarcón, lui a également rendu un vibrant hommage, par communiqué : « Alejandro était un ange sur terre. Avant le concert, son sourire et sa bonne humeur ont rempli les âmes de toute l’équipe artistique et du Festival. Il va nous manquer mais il sera avec nous pour toujours. »
La Messe à 5 voix de William Byrd, interprétée au lendemain de cette tragédie, s’impose donc également comme un vibrant hommage à l’artiste, en plus de commémorer dans un esprit de concorde œcuménique les 400 ans de la disparition du compositeur anglais, catholique au service de la reine protestante Elisabeth I. Les Arts Florissants, sous la direction de Paul Agnew, proposent une restitution d’un office, réunissant à cette messe des motets destinés à la Vierge Marie.
Les cinq chanteurs a cappella forment un ensemble équilibré, chacun déployant son timbre propre tout en partageant un souffle et des intentions subtiles communes. Les mélodies et les figures musicales s’entremêlent d’une manière variée, les intentions se font souvent nuancées, particulièrement dans la douceur, tout en préservant une juste sobriété. La justesse demeure constante, plongeant vers des sphères méditatives (estompant toutefois la clarté du texte).
La soprano Miriam Allan fait entendre une voix fine et lumineuse, tandis que celle de la contralto Mélodie Ruvio est teintée d’une chaleur tendre et veloutée. Tout en impulsant une discrète direction pour les départs et lors de rares passages, Paul Agnew offre une voix investie et sensible, chaleureuse et souple. Lorsqu’il interprète seul les plains-chants (mélodie monacale formant l’essence des lignes musicales), son tempo semble directement mesuré sur la résonance de l’abbatiale pour se dédoubler, en écho. Le ténor Sean Clayton détimbre parfois sa voix pour faire ressortir quelques passages et varier sa clarté naturelle. La basse d'Edward Grint apporte une profondeur caressante à l’ensemble, agréablement colorée dans ses parties plus aiguës.
Le concert se termine par la simplicité d’un plain-chant à l’unisson, Salve Regina, Mater misericordiæ, la note finale se perdant lentement dans l’acoustique généreuse de l’abbatiale. Les applaudissements du public remercient les artistes de cet après-midi et rendent hommage à celui qui s’est tu, la veille.