Rencontres Musicales et Scientifiques au Palais des Papes
Créées par la compositrice Elisabeth Angot et la sociologue Célia Poulet en 2015, ces rencontres réunissent conférences et concerts dans le but de tisser et de diffuser des liens entre musique contemporaine et connaissances scientifiques. C’est au Palais des Papes que la septième édition des Rencontres Musicales et Scientifiques s’achève par un concert entièrement dédié à la voix. Intitulé "Mille ans de Musique Vocale", le programme porté par les cinq chanteurs de l’Ensemble 44 en retrace les grandes périodes, partant du chant grégorien et du baroque, marquant une pause dans le répertoire classique/romantique avec Mozart, Brahms, Saint-Saëns pour finir ce marathon par du contemporain regroupant entre autres Messiaen, Pärt et une création d'Elisabeth Angot, co-fondatrice de cette manifestation.
Le public y découvre une véritable chronologie vivante du chant, et notamment l’évolution de l’usage de la voix qui se détache au fil des siècles vers un répertoire profane. La grande voute du Palais des Papes est choisie avec soin pour valoriser le programme, puisqu’il est complètement chanté "a cappella", exposition qui ne dérange pas les artistes, au contraire. Les palettes vocales valorisent les harmonies et nuancent leurs phrases dans une synchronisation bien étudiée. La soprano Dania El Zein se démarque par une voix perçant avec pureté. La voix aux lignes droites conserve la justesse et le souffle jusqu'à la fin.
La partie d’alto, tenue par Mathilde Rossignol se démarque par sa matière charnue et voluptueuse, dotée d’un vibrato plus marqué. Complètement à l’aise dans le répertoire contemporain, elle fait sensation avec son interprétation du solo d’Aperghis Pub II, théâtralement, vocalement et physiquement. La voix manque cependant parfois d’engagement et se réserve un peu trop pour certaines pièces.
Le ténor Benjamin Woh se montre autonome de ligne et bien ancré dans son application : des qualités adaptées au répertoire grégorien. Les notes convoquant les limites de la tessiture dévoilent un grain particulièrement juste, frais et légèrement pincé. Le timbre résonnant et appuyé du baryton-basse Maxime Saïu soutient avec élégance l’ensemble du répertoire. Sans alourdir la partition, il divulgue des notes chaudes et généreuses.
Le baryton Gabriel Bourgoin joue sur une triple facette ce soir avec une voix assurée, onctueuse et distincte. Il se prêtera aussi au jeu d’une direction attentive, méticuleuse et évolutive en fonction du répertoire donné. Enfin, il s’occupe également de la présentation des morceaux sous un aspect pédagogique.
L’Ensemble 44 et ces Rencontres sont chaleureusement applaudis et remerciés par les auditeurs avignonnais pour ce cours d’histoire de musique vocale.