Voir ou revoir l’Oresteia de Xenakis, projet musical inclassable
Dionysos Sourbis © Laurent Guizard
Ce 30 mars, l'Oresteia pétrifiait l'auditoire de l’Opéra de Rennes. Interprétée par l’Ensemble instrumental du CRR de Rennes, le percussionniste Rémi Durupt, le Chœur Pro Latio, le baryton Dionysos Sourbis, la Maîtrise de Bretagne, sous la baguette de Sylvain Blassel, l’œuvre si visuelle de Xenakis y était donnée sans mise en scène.
La trame de l'Oresteia reprend de manière fragmentaire les textes de l’Orestie, unique trilogie parvenue intacte d’Eschyle, grand rival de Sophocle. Créée en 458 avant J.-C. à Athènes, cette tragédie dans la pure lignée de la tradition grecque relate en trois temps la vengeance des Atrides avec une puissance dramatique qui va crescendo.
En 1864, dans la Bible de l’Humanité, Jules Michelet écrivait d’ailleurs à son propos : « De drame en drame, de terreur en terreur, l'auditoire ne respira plus. Les plus fermes frémirent. Les femmes s'évanouissaient, et plusieurs, dit-on avortèrent. Le soir tout était terrassé. Et seul debout restait Oreste-Eschyle." Xenakis enrichira le texte d'Eschyle de deux monologues celui de Cassandre en 1987 et de la déesse Athéna en 1992.
Créant un langage musical inédit basé sur la relation intrinsèque entre mathématique et musique, Xenakis exalte l’essence de la tragédie antique pour parvenir à une œuvre inclassable échappant à l’emprise lyrique occidentale. Le texte participe ici de manière musicale à la progression dramatique de l’œuvre.
Oresteia (1965) de Iannis Xenakis, Suite pour chœur d’enfants, chœur mixte avec accessoires musicaux et douze musiciens, d’après Eschyle.