Résurrection et Ascension de Jésus par Arsys Bourgogne et Pulcinella à Vézelay
L'aura de Jean-Sébastien Bach fait parfois de l'ombre à la production de ses fils. Si aucun n'égale peut-être exactement le génie de leur père, il serait regrettable de négliger pour autant leur production. Estimé autant comme compositeur que comme théoricien de la musique, Carl Philipp Emanuel Bach a légué une œuvre abondante, en particulier au clavier et à l'orchestre, mais également dans le domaine vocal. L'oratorio Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu (La Résurrection et l'Ascension de Jésus), que Mozart a dirigé à Vienne, compte parmi ses œuvres majeures, pourtant insuffisamment reconnues aujourd'hui. Si elle porte l'empreinte de son auteur et de son époque, la partition ne néglige pas l'autorité du Cantor de Leipzig, quand certains passages, assez lyriques, regardent vers Haydn. Pour hétérogène qu'elle puisse paraître, l’œuvre n'en recèle pas moins d'estimables beautés, des airs nourris de sentiments et un finale d'une force indéniable, au-delà des usages rhétoriques.
En s'appuyant sur les pupitres de l'Ensemble Pulcinella, la lecture de Mihály Zeke, sensible plus qu'intellectuelle, fait passer la diversité des couleurs et des affects avant l'architecture générale, qu'elle n'appuie pas de didactisme inutile. Mêlant les tessitures, les ensembles assument la rigueur contrapuntique autant que les ritournelles triomphantes. La fluidité de la direction chorale enveloppe parfois les entrées dans la rondeur de la pâte sonore, qui ne renonce pas cependant à la lumière de la texture vocale. Les interventions de la soprano Lucy Page ne manquent pas d'élégance, dans la fraîcheur de son babil léger qui n'écrase pas ses partenaires, comme dans la pertinence de la ligne et de l'émission. On entend l'effort du ténor Stefano Ferrari pour mettre en avant sa musicalité, même si cela fragilise parfois les hauteurs et les harmoniques. Quant au baryton Nikolaus Fluck, son métier et sa sobriété technique ne passent pas toujours la rampe d'une écriture trop opératique pour être assagie au niveau de la collégialité.
En première partie de soirée, Ophélie Gaillard ouvre avec le Concerto en la majeur pour violoncelle et orchestre, qu'elle dirige en soliste. La formation française démontre une belle homogénéité, qui ne bride pas l'autonomie des pupitres. La cohérence quasi chambriste tamise agréablement la virtuosité de la pièce, intelligemment mise en valeur. Une incursion dans le corpus du patriarche Jean-Sébastien avec le motet Singet dem Hern ein neues Lied signale la pondération dans la conduite des chœurs que l'on reconnaîtra dans l'oratorio. Dans le Heilig de Carl Philipp Emanuel Bach, l'alto Maria Chiara Gallot contribue avec son timbre équilibré à une intériorité d'expression soutenue par un continuo calibré, qui contrastera avec les ressources de l'oratorio.