Roselyne Bachelot douche les espoirs de réouverture des salles de spectacle
Dans ses annonces d'hier soir, le Premier Ministre Jean Castex justifiait la prolongation de la fermeture des salles de spectacle par une baisse insuffisante du nombre de cas détectés. Une logique difficilement entendable dès lors que les opéras, théâtres et cinémas, fermés depuis plusieurs semaines, n'ont pas contribué à ces mauvais chiffres. Or, les nouvelles annonces ne comportent aucune nouvelle mesure restrictive sur les entreprises, les transports, les commerces, l'enseignement, bref, tous les secteurs encore ouverts et qui favorisent donc la propagation du virus. D'ici au 7 janvier, tout ce qui n'a pas suffisamment fonctionné pour permettre la réouverture des salles continuera donc de dysfonctionner. Viendront s'y ajouter le déconfinement (les interactions sociales pourront ainsi reprendre de 6h à 20h tous les jours), l'immanquable brassage de Noël, la dispersion du virus dans le pays durant les vacances (encouragées par le gouvernement), voire même un manque de respect des consignes à la Saint-Sylvestre (le Premier ministre ayant lui-même admis qu'il ne serait pas impossible de festoyer de 20h à 6h du matin, la seule interdiction étant de sortir durant cette plage horaire).
Dès lors, l'intervention de Roselyne Bachelot ce matin sur BFM TV et le contenu de son propos n'ont rien d'anodin. Elle précise en effet que la date du 7 janvier 2021 n'est pas celle où les salles de spectacle pourront rouvrir, mais celle à laquelle la situation sera réévaluée. Or, bien entendu, la probabilité que les chiffres soient meilleurs à cette date qu'aujourd'hui, alors même qu'aucune des causes actuelles de contamination ne se voit restreinte et que de nouvelles occasions de propagation du virus apparaîtront d'ici là (sans compter l'effet du froid hivernal dont l'apparition semble avoir tant surpris les décideurs), apparaît chétive. Les perspectives offertes au monde de la culture sont donc bien limitées.
Si l'absence de réaction de la Ministre hier laissait planner le doute à ce sujet, Roselyne Bachelot se montre en tout cas pleinement solidaire des décisions du gouvernement. "La culture est essentielle", clame-t-elle, avant qu'un "mais" ne vienne toutefois vider de son sens cette affirmation. "On peut pour des raisons sanitaires se protéger pendant quelques semaines" justifie-t-elle, semblant ignorer que ces "quelques semaines" durent déjà depuis neuf mois et risquent de se prolonger encore. "Si on avait ouvert le 15 pour éventuellement refermer en janvier, on aurait assassiné la culture", poursuit-elle comme s'il était préférable pour la culture d'être fermée en décembre en plus de l'être en janvier. "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras", pourrait lui répondre le monde du spectacle. Elle insiste dans un grand élan lyrique sur le fait que la culture "bouillonne", qu'elle a "veillé à ce que les tournages puissent continuer, à ce qu’on puisse faire des captations, des répétitions". Cela ramène toutefois à l'absence de perspective (à quoi bon répéter des spectacles qui ne pourront se jouer, tourner des films qui ne pourront pas sortir dans de bonnes conditions ?) et de soutien de l'audiovisuel public (les seules -mais rares- retransmissions de captations étant sur Arte, France 5 ou France 3 en région, au mieux en deuxième partie de soirée).