Clermont Auvergne Opéra fait la part-belle aux personnages épris de liberté, tentant de se débarrasser des carcans sociaux. Avec Lucia di Lammermoor, opéra de Gaetano Donizetti, le chef Amaury du Closel et le metteur en scène Pierre Thirion-Vallet illustrent le destin funeste du rôle-titre (incarnée par Heera Bae), héroïne étouffée par les conventions sociales de son temps. Dans un registre plus léger (mais traitant également d’une quête pour l’égalité) et destiné au jeune public, l’opéra-comique (alternant chant et parole) Guillaume Tell d’André-Ernest-Modeste Grétry donnera à voir la cavalcade du héros mythique éponyme ici incarné par Benjamin Athanase contre l’armée autrichienne (compte rendu de cette mise en scène à retrouver ici). 

La programmation de l’Opéra de Clermont rappelle qu’en ces temps difficiles, il est toujours bon de mettre le nez dans un livre à défaut de pouvoir mettre le nez dehors ! Véritables odes à la découverte du monde et de soi, les contes de fées sont les premiers instigateurs d’évasion. Adaptation opératique de Cendrillon, La Cenerentola de Rossini mise en scène par Clément Poirée est le fruit d’une co-production entre l’Opéra de Clermont-Auvergne, l’Opéra de Massy et le ScénOgraph-Festival de Saint-Céré. Dirigée par Gaspard Brécourt, elle promet une révolte joyeuse. Après Les Bonnes de Jean Genet, Clément Poirée s'attelle à cette production qui mettra en scène Lamia Beuque (Angelina, rôle qui lui avait valu des débuts internationaux remarqués à l’Opéra Santa Cruz de Ténérife), aux côtés de Franck Leguérinel dont le Don Magnifico avait foulé les planches de l’Opéra Grand Avignon.

L’Opéra Grand Avignon a par ailleurs collaboré à cette programmation en proposant une adaptation de Hänsel et Gretel, autre conte ancré dans la tradition et mis en scène par Valérie Marestin. Coline Dutilleul (Hansel) et Déborah Salazar-Sanfeld (Gretel) prêteront à nouveau leurs voix aux aventures de cette célèbre fratrie face à la terrible sorcière (Christine Craipeau) 

De la sorcière au sorcier, il n’y a qu’un pas, ou plutôt une formule : Diggi, daggi, shurry, murry, horum, harum. L’Air du Sorcier d’un Mozart encore dans l’enfance résonnera à l’occasion de la présentation d’un audacieux diptyque composé de Bastien et Bastienne puis de Mozart et Salieri, romançant la rivalité qui oppose le jeune virtuose au compositeur besogneux et jaloux. Ce diptyque mettra à l’honneur deux artistes ayant pour point commun d’avoir fait leurs débuts avec Mozart : la soprano Caroline Jestaedt (Bastienne et Constance) et Mark van Arsdale (Bastien et Mozart). 

Concernant les diptyques lyriques, le plus célèbre d’entre eux, Cavalleria Rusticana et Pagliacci mettra à l’honneur les lauréats du 26ème Concours de Chant de l’Opéra de Clermont Auvergne dans une récente création avec les Opéras d’Avignon, Massy, Reims, le Festival de Saint-Céré et l'Opéra de Vichy. Ce dernier accueillera la phase de pré-sélection de la 27ème édition du concours courant février, présidé par Karine Deshayes. La mezzo-soprano est par ailleurs marraine de la prochaine édition de Tous à l'Opéra !, journée portes ouvertes qui se déroulera exceptionnellement deux fois la saison prochaine, en octobre (report de la manifestation prévue en cette fin de saison) puis en mai (période traditionnelle). 

L’Opéra de Clermont accueillera par ailleurs une autre étoile mondiale de l’art lyrique à l’occasion d’un grand récital : la mezzo-soprano géorgienne Anita Rachvelishvili propulsée au rang international à l’âge de 25 ans par son interprétation de Carmen aux côtés de Jonas Kaufmann à Milan. Elle succèdera ainsi à la lumineuse prestation de Pretty Yende sur la même scène de l’Opéra Théâtre en 2018, à laquelle les équipes d’Ôlyrix ont eu l’occasion d’assister.  

Autre temps fort musical incontournable, le chef Antonio Florio et son ensemble proposeront un rendez-vous aux amoureux du baroque autour du Stabat mater de Giovanni Battista Pergolesi.

Enfin, cette saison 2020-2021 sera l'occasion de rendre hommage à un compositeur emblématique à l'occasion de son 250ème anniversaire : Ludwig van Beethoven, dont la Neuvième Symphonie résonne en tout temps comme une ode à la joie, à la Liberté.