Hommage à Bernard Ladysz
Né en 1922 à Wilno, Bernard Ladysz entreprend l’étude de la musique alors qu’il n’est qu’adolescent. Son apprentissage est bouleversé lorsque la Pologne subit l’occupation allemande et soviétique, en 1939. Déporté au goulag en Russie des suites de l’Opération Tempête (soulèvement polonais en 1944 visant à défaire l'occupant allemand tout en se protégeant d'une indexation soviétique, qui fut finalement réprimé par l'armée rouge), il lui faut attendre la fin du conflit pour retrouver sa Pologne natale et poursuivre des études de chant au Conservatoire de Varsovie, dès 1946. L’année suivante, il s’illustre lors de la Compétition Vocale Nationale en remportant le premier prix et prend la place de soliste dans l’Ensemble artistique central de l’armée polonaise, qui lui permet de se produire à l’international. Il poursuit sa carrière au sein de l’ensemble jusqu’en 1950, année à laquelle il fait des débuts remarqués à l’Opéra national de Varsovie. Son timbre et ses talents dramatiques lui ouvrent la voie à l’interprétation de grands rôles-titres à l’instar d’Eugène Onéguine et Le Barbier de Séville, ainsi que de Méphisto dans Faust.
Il franchit une étape décisive de sa carrière en 1956 en décrochant le premier prix du Concours international de musique Gian-Battista Viotti à Verceil. Tout l’enjeu de la compétition était d’accéder à la prestigieuse scène de La Scala de Milan. Bernard Ladysz a toutefois décliné cette opportunité et préféré débuter au Teatro Massimo de Palerme, pour ensuite voyager de par le monde. Trois ans après cette victoire, sa carrière connaît un autre tremplin grâce au chef italien Tullio Serafin qui l’invite à participer à l’enregistrement de Lucia di Lammermoor aux côtés de Maria Callas, Cappuccilli et Ferruccio Tagliavini. Il est par la suite appelé à enregistrer au sein du label Columbia (ses enregistrements sont diffusés à la radio).
Parallèlement à son engagement accru dans des événements tels que le Festival de la Chanson Soviétique de Zielona Gora, il assied sa réputation à l’Opéra de Varsovie dont il devient soliste, en 1972. Il y interprète notamment le rôle-titre de Boris Godounov et Don Giovanni. Le baryton-basse participe également à la création d’œuvres de Krzysztof Penderecki : Les Diables de Loudun, la Passion selon saint Luc et Utrenja.
Ses talents d’acteur lui ont également permis d’apparaître dans plusieurs films (“The Promised Land” de Andrzej Wajda, “Znachorze” de Jerzy Hoffamn) et des comédies musicales comme Un violon sur le toit sur un livret de Joseph Stein et la musique de Jerry Bock, dans le rôle de Tewie.