Disparition de Janine Reiss, "Professeur de rôles"
Janine Reiss n’aimait pas le terme de chef de chant et préférait celui de « Professeur de rôles » ou de « maestro di canto ». Née en 1921, c’est à la Schola Cantorum à Paris, fondée notamment par Vincent d'Indy, que Janine Reiss effectue ses études complètes de musique. Elle assiste par ailleurs régulièrement aux cours de chant dispensés à la Schola. Claveciniste et pianiste, elle se perfectionne auprès du grand maître Lazare Lévy, mais aussi d’Yves Nat.
Très vite son amour de la voix prend le dessus et elle fait travailler de jeunes chanteurs dès la sortie de la guerre. Au cours des années 50 et 60, Janine Reiss participe activement à ses premières productions lyriques, comme « L’Opéra d’Aran » de Gilbert Bécaud créé au Théâtre des Champs-Elysées en 1962, évènement qui fit alors grand bruit.
Sa rencontre avec Maria Callas via Michel Glotz, l’agent de la cantatrice, fut certainement décisive. Callas préparait alors pour le disque avec Georges Prêtre ses récitals d’airs d’opéras français. Elle avait besoin d’un guide et d’un spécialiste sur ce répertoire jusqu’alors peu fréquenté par elle. Enregistrés en 1961 et 1963, ces disques légendaires, malgré leurs limites vocales et stylistiques, demeurent des références. Les deux artistes se lieront d’amitié et continueront de travailler ensemble, notamment afin de préparer la fameuse tournée mondiale des récitals Maria Callas/Giuseppe Di Stefano des années 1973 et 1974, Chant du Cygne de Callas !
Rolf Liebermann nomme Janine Reiss « Directrice des Etudes Musicales » à son arrivée à la direction de l’Opéra de Paris en 1973. Elle restera en poste jusqu’en 1980, couvrant la majorité des spectacles présentés durant cette période au Palais Garnier. C’est à ce titre que Joseph Losey lui confie les études musicales de son célèbre film Don Giovanni réalisé en 1979. Janine Reiss y tient en outre toute la partie de clavecin.
Les Chorégies d'Orange feront appel à elle à de multiples reprises. Durant sa longue carrière, Janine Reiss a fait travailler les plus grands artistes lyriques de son temps, de Régine Crespin à Placido Domingo, de Mady Mesplé (notre hommage) à Luciano Pavarotti ou Teresa Berganza, et plus récemment Anita Rachvelishvili.