La basse insidieuse
Le Barbier de Séville de Rossini narre l'histoire de Rosine, retenue par son tuteur, le docteur Bartolo. Ce dernier souhaite l'épouser afin de s'octroyer sa dot, alors que la jeune fille aime le Comte Almaviva. À l'aide du barbier Figaro, les deux amants vont contrecarrer les plans du docteur.
Basile, incarné ici avec une grande justesse par Kristinn Sigmondsson, est un complice calculateur et rusé du docteur Bartolo.
Dans l'Acte I, il entre avertir Bartolo que le Comte Almaviva, qui convoite Rosine, est de retour en ville afin de la retrouver. Il lui conseille d'utiliser la calomnie (« La calunnia è un venticello ») afin de faire courir des rumeurs sur le Comte, et donc de le discréditer. Bartolo préférera cependant avancer au lendemain son mariage avec Rosine afin d'éviter toute menace du Comte.
Voici les paroles de cet air :
La calunnia è un venticello
Un’auretta assai gentile
Che insensibile, sottile,
Leggermente, dolcemente,
Incomincia, incomincia a sussurrar.
Piano, piano, terra terra,
Sottovoce, sibilando,
Va scorrendo, va scorrendo
Va ronzando, va ronzando
Nell’orecchie della gente
S’introduce, s'introduce destramente
E le teste ed i cervelli
Fa stordire e fa gonfiar.
Dalla bocca fuori uscendo
lo schiamazzo va crescendo,
Prende forza a poco a poco,
Vola già di loco in loco,
Sembra il tuono, la tempesta
Che nel sen della foresta
Va fischiando, brontolando,
E ti fa d’orror gelar.
Alla fin trabocca e scoppia, si propaga, si raddoppia,
E produce un’esplosione
Come un colpo di cannone,
Come un colpo di cannone,
Un tremuoto, un temporale,
Un tumulto generale
Che fa l’aria rimbombar.
E il meschino calunniato,
Avvilito, calpestato,
Sotto il pubblico flagello,
Per gran sorte va a crepar.
... et sa traduction en français (Castil-Blaze, 1824) :
C'est d'abord rumeur légère,
Un petit vent rasant la terre.
Puis doucement,
Vous voyez calomnie
Se dresser, s'enfler, s'enfler en grandissant.
Fiez-vous à la maligne envie,
Ses traits dressés adroitement,
Piano, piano, piano, piano,
Piano, par un léger murmure,
D'absurdes fictions
Font plus d'une blessure
Et portent dans les cœurs
Le feu, le feu de leurs poisons.
Le mal est fait, il chemine, il s'avance ;
De bouche en bouche il est porté
Puis riforzando il s'élance ;
C'est un prodige, en vérité.
Mais enfin rien ne l'arrête,
C'est la foudre, la tempête.
Mais enfin rien ne l'arrête,
C'est la foudre, la tempête.
Un crescendo public, un vacarme infernal
Un vacarme infernal
Elle s'élance, tourbillonne,
Étend son vol, éclate et tonne,
Et de haine aussitôt un chorus général,
De la proscription a donné le signal
Et l'on voit le pauvre diable,
Menacé comme un coupable,
Sous cette arme redoutable
Tomber, tomber terrassé.
Retrouvez les précédents épisodes de notre série consacrée aux plus grands airs de basse :
1. La basse invoquante
2. Un duo de basses
3. La basse méphistophélique
4. La basse martiale