Zémire et Azor à l'Opéra Comique : Fatmé
« Fatmé est l’une des deux sœurs de Zémire, elle est proche de ses sœurs et sympathique à l’égard de Zémire, dont la grâce n’a d’égal que la bonté. Contrairement au conte qui inspire cet opéra d’André Grétry, La Belle et la Bête par Mme Leprince de Beaumont, dans lequel les deux sœurs de Belle sont mauvaises et rongées par la jalousie, ici, Fatmé est bienveillante et aimante, mais bien moins délicate que sa sœur Zémire. Par exemple lorsque Sander leur père, revient avec de mauvaises nouvelles concernant ses affaires, Fatmé paraît être bien plus touchée par la ruine du père, et par le manque d’argent, contrairement à Zémire qui rassure son père immédiatement et rappelle à ses sœurs que l’amour d’un père est la plus grande des richesses. Au niveau du chant, Fatmé est un rôle qui appelle une tessiture longue et souple, elle intervient dans des ensembles, trio et quatuor, chargés de tendresse et d’empathie pour sa famille.
Tout au long de l’opéra Fatmé participe au soutien des personnages principaux, que ce soit auprès de ses sœurs Zémire et Lisbé au début de l’acte II, « Veillons mes sœurs » [présenté dans l’épisode précédent, ndlr] lorsque les trois sœurs attendent impatiemment le retour de leur père, ou bien à l’acte III auprès de son père, dans le trio « Hélas, mon père » accompagnée de sa sœur Lisbé, trio de plaintes et de soutien paternel.
À ce moment de l’opéra, Zémire est captive d’Azor, et sa famille lui manque profondément. Pour qu’elle puisse les revoir, et avoir de leurs nouvelles, Azor consent à les faire apparaître dans un tableau magique. L’image de Sander, Fatmé et Lisbé apparaît alors dans le tableau, Sander pleurant sa chère Zémire et ses deux filles le consolant. Zémire supplie Azor de lui faire entendre le son de leurs voix, c’est à ce moment que le trio commence :
SANDER : Ah ! Laissez-moi la pleurer ! À mes regrets, laissez-moi me livrer.
FATMÉ et LISBÉ : Hélas, mon père, cessez de la pleurer !
SANDER : Qui m’aimera jamais comme elle ?
FATMÉ et LISBÉ : Ce sera moi !
SANDER : Qui me rendra ce tendre zèle ?
FATMÉ et LISBÉ : Ce sera moi !
FATMÉ : Nous vous aimons !
SANDER : Je le sais bien.
LISBÉ : Croyez la voir !
SANDER : Oui je la vois, Je crois l’entendre qui m’appelle. Ah ! ma Zémire, sans toi j’expire.
FATMÉ, LISBÉ et SANDER : Reviens
C’est un trio d’une grande tendresse entre un père au désespoir d’avoir perdu l’un de ses enfants, et ses deux autres filles qui tentent de le consoler. Pour chanter ce passage il faut invoquer en tant qu’interprète, une grande palette de douceur.
Enfant, j’ai eu la chance d’avoir un père très bon conteur, qui m’a lu une multitude de contes et légendes. Je suis depuis très sensible aux messages initiatiques que nous dispensent les contes et aux voyages merveilleux ou fantastiques qu’ils nous offrent de faire. La Belle et la Bête dont est inspiré Zémire et Azor, est un conte particulièrement touchant. Il nous parle d’amour filial, d’une « bête », Azor, finalement aussi belle intérieurement que la Belle, et de la découverte d’un autre amour que l’amour filial par la belle Zémire.
Pour préparer le rôle de Fatmé, j’ai relu les contes de mon enfance, et me suis replongée dans ce monde merveilleux aussi riche qu’inspirant, une expérience opératique délicieuse pour l’âme et le cœur de l’enfant qui sommeille en nous, et je ne peux que conseiller de venir y plonger avec nous, dans l’écrin qu’est l’Opéra Comique. »
Retrouvez chaque jour un nouveau protagoniste dans un nouvel épisode de cette série, et rendez-vous Salle Favart du 23 juin au 1er juillet 2023 pour assister à cette production
- Épisode 1 - Zémire
- Épisode 2 - Azor
- Épisode 3 - Lisbé
- Épisode 4 - Fatmé
- Épisode 5 - Ali
- Épisode 6 - Sander
- Épisode 7 - Zémire et Ali
- Épisode 8 - Ouverture
- Épisode 9 - Le Ballet
- Épisode 10 - La Lettre du Père