La Gioconda aux Chorégies d’Orange : Laura
La Gioconda aime Enzo Grimaldi qui aime Laura Adorno. Après ces deux premiers personnages, le troisième vous est présenté par Clémentine Margaine qui l’incarne cet été au Théâtre Antique : « La Gioconda est un opéra rare, mais que j’ai vu au Deutsche Oper Berlin (saison 2013/2014) avec Hui He dans le rôle-titre, Marcelo Álvarez en Enzo et dans le rôle de Laura, Marianne Cornetti [qui sera également présente cet été à Orange, pour un autre rôle qu'elle nous présente dans un prochain épisode]. J'ai d'emblée adoré le lyrisme de cet opéra, avec ce ballet si connu qui est comme un point de repère dans l’imaginaire collectif (et cet opus). L'histoire de cette Gioconda est délicate mais elle montre tout ce qu'on peut accepter sur une scène et ressentir via l'opéra.
Cette musique incroyable est si belle qu'en l'entendant on se dit qu'elle doit faire du bien à la voix, qu'elle doit être très belle à chanter. Notamment pour mon rôle de Laura (un rôle plus court et moins torturé que Gioconda). Laura (qui sauve la mère de Gioconda, celle-ci l’aidant ensuite à s’enfuir avec son amant Enzo alors que Gioconda en est également amoureuse) chante aussi l’un de ces très beaux airs qu'on présente en audition : “Stella del marinar” (en appelant à la protection de l’Etoile des marins, de la Vierge Sainte) :
D'une certaine manière j'ai aussi appris à chanter avec cet air et désormais je chante le rôle entier. J'ai fait tout un parcours qui me mène désormais vers de grands rôles (verdiens avec Eboli, Amneris) mais restant pleinement dans le lyrisme : j'ai tout de suite senti que Laura était pour ma voix. D'ailleurs, Laura me rappelle Charlotte : elle subit les choses, empêtrée dans cette histoire qu'elle n'a pas choisie, mariée à cet homme qu'elle n'aime pas (Laura est l’épouse d’Alvise Badoero, membre du puissant conseil des Dix et chef de l'Inquisition à Venise). C'est une jeune femme amoureuse mais mal traitée, qui a La Gioconda pour rivale, mais une rivale qui va lui sauver la vie (changeant complètement son rapport au personnage) parce que Laura a sauvé la vie de La Cieca (mère de Gioconda).
Laura est un rôle très condensé. Elle chante l'essentiel de ses interventions dans un même acte, il faut donc transmettre ses palettes et variations d'émotion dans un temps très court. Or, il est toujours plus facile de montrer les évolutions dramatiques et vocales du personnage par un rôle long. Ici, Laura a son acte dans lequel il faut tout déployer avec grande précision (a fortiori pour l'unique représentation des Chorégies d'Orange). Il n'y a pas de difficulté vocale extrême, si ce n'est le sprint de cet enchaînement : duo avec Enzo, air, trio. Le plaisir est de délivrer l'art du bel canto, d'une noble couleur seyant à ce répertoire sans jamais tendre ou pousser la voix sous le poids de cette intensité.
Ça paraît fou quand on nous dit que la jauge d'Orange dépasse les 8.000 places, alors que cette arène paraît petite car nous y sommes ainsi entourés de public, comme si on allait le toucher (le ressenti est beaucoup plus difficile aux Arènes de Vérone). »
Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- Le rôle-titre
2- Enzo
3- Laura
4- La Cieca
5- Barnaba
6- Alvise Badoero
7- Zuàne
8- Isèpo
9- Les Chœurs
10- Le Ballet