Carmen des origines à Rouen, 23 septembre 2023
Les critiques musicaux étant toujours bien placés dans la salle (dans les premiers rangs de l'orchestre) peuvent de fait bien entendre les voix des chanteurs n'est-ce pas, et leur avis n'est donc représentatif qu'eux du leur... Les avis des spectateurs, qui se répartissent tant à l'orchestre qu'en corbeille, qu'au 1er balcon voire au 2ème balcon, n'entendent pas les mêmes voix...
Ainsi la Carmen de vendredi soir, Deepa Johnny a peut-être beaucoup de voix pour les critiques mais, dans les faits, cette belle Carmen n'a pas de puissance, sa voix n'emplissant pas tous les gradins de la salle de l'Opéra des Arts ... Elle n'a pas de coffre, et donc peu de ressource. Bon d'accord, en fin d'opéra, sa prestation est meilleure car elle a enfin réussi à chauffer un peu sa voix : elle est toujours couverte par l'orchestre ou par le chœur, ou par d'autres chanteurs.
Si elle est applaudie en fin de spectacle c'est dans enthousiasme général, c'est plus pour le rôle qu'elle incarne bien, car oui elle joue bien, parce qu'elle est belle dans les habits qui ont été finement pensés pour elle, même si sa coiffure est ringarde à souhait (cette jeune femme a une belle chevelure naturelle, pourquoi ne pas l'avoir montrée sur scène, cela participe à la liberté que Carmen incarne.
Car il y a de belles voix dans ce casting : Iulia Maria Dan en Escamilla et Nicolas Brooymans en second officier dominent tous les autres avec une facilité déconcertante !
Mais allez les écouter, la mise en scène de 1875 est fraîche, et n'est même pas décalée comme on aurait pu le craindre.
Quant à l'orchestre il est brillant - comme toujours d'ailleurs - mené par la baguette agile, ferme et délicate de Ben Glassberg, le chef d'orchestre.
Rendons néanmoins hommage à Loïc Lachenal, Le Directeur de l'Opéra d'avoir intégré le Palazzetto Bru Zane, et d'avoir fait revivre cette édition du XIXè.