Argument
Prologue
Une soirée se prépare chez l’homme le plus riche de Vienne. Un Maître de musique s’enquiert du Majordome, abasourdi à l’annonce de la présentation d’une opérette à la suite de l’opéra seria composé par son élève : Ariane à Naxos. Le Majordome ne voulant rien savoir, le Maître de musique se met en quête du Compositeur pour lui annoncer la nouvelle. De son côté, le Compositeur subit le mépris d’un laquais qui protège les amours de la chanteuse de l’opérette, Zerbinetta, et d’un officier. Il s’attelle alors aux derniers ajustements de son opéra (« O der Esel ! Die Freud' ! »), mais se trouve interrompu par le Ténor devant interpréter Bacchus dans l’opéra, qui surgit, refusant de porter la perruque prévue pour son personnage.
Zerbinetta sort alors de sa loge, s’inquiétant auprès de son Maître de danse de l’ennui que ne manquera pas de provoquer Ariane à Naxos chez de son propre public, rendant son rôle de distraction périlleux. Le Maître de musique en profite pour annoncer au Compositeur qu’une opérette sera jouée après son œuvre. Ce dernier rugit alors, évoquant le dégoût qu’il ressent pour ces pièces vulgaires et légères, si éloignées de la noblesse de son art. Il se remémore d’ailleurs une mélodie capable de transcender l’âme, qu’il souhaiterait ajouter à son opéra (« Nach meiner Oper ? Ein lustiges Nachspiel ? »), et reproche à son Maître de musique de ne pas se mettre plus en colère contre cet inconcevable décision.
Zerbinetta revient alors, accompagnée de ses quatre partenaires : Arlequin, Scaramouche, Truffaldin et Brighella. Son Maître de danse lui expose les avantages qu’il y a à passer en seconde position : les spectateurs ayant pu faire une sieste pendant l’opéra, auront digéré leur dîner et seront tout ouïe pour les frivolités de l’opérette (« Im Gegenteil. Man kommt vom Tisch »). Ces propos choquent la Primadona de l’opéra et le Maître de musique doit la réconforter.
Alors que le laquais annonce le début prochain du spectacle, le Majordome reparaît et annonce que son maître a finalement décidé d'incorporer l'opérette à l'opéra : la Zerbinetta infidèle peuplera donc l’île déserte d’Ariane. Si les acteurs de l’opéra se lamentent, ceux de l’opérette prennent la nouvelle avec philosophie. Ainsi, le Maître de danse rappelle au Compositeur désespéré que de nombreux grands maîtres ont dû sacrifier leur art afin de faire représenter leur premier opéra. Il se satisfait d’ailleurs que les passages d’opérette puissent sauver l’opéra de ses ennuyeuses longueurs. En effet, l’opéra ne devant pas durer plus longtemps que prévu malgré l’ajout des passages comiques, des coupes doivent être consenties : déjà le Ténor et la Primadona s’inquiètent de voir leurs airs disparaître. De son côté, la troupe comique se prépare à improviser pour adapter leurs interventions à la trame de l’opéra.
Zerbinetta se moque du Compositeur qui explique qu’Ariane est la femme d’un seul homme, fidèle jusqu’à la mort : de son point de vue, l’amante déçue de Thésée ne fait qu’attendre son prétendant suivant. Leurs deux visions s’affrontent alors : pour le Compositeur, Ariane ne suit Bacchus que parce qu’elle le prend pour le dieu de la mort et y voit une libération, tandis que pour Zerbinetta, ce n’est là qu’un excuse pour se donner bonne conscience en voguant avec son nouvel amant (« Nein, Herr, so kommt es nicht ! »). Zerbinetta tente alors de réconforter le Compositeur et lui avoue la tristesse et la solitude qu’elle cache sous ses airs enjoués, incapable qu’elle est de croire en un amour éternel (« Ein Augenblick ist wenig - ein Blick ist viel »).
Le Maître de musique annonce alors le début du spectacle. D'abord revigoré par les confidences de Zerbinetta, le Compositeur fait la paix avec son Maître, voyant à présent le monde d’un œil nouveau. Mais apercevant Zerbinetta et ses partenaires monter sur scène avec des airs effrontés, il s’enfuie finalement, désespéré d’avoir autorisé que l’opéra soit donné (« Seien wir wieder gut ! »).
Opéra
Sur l’île déserte de Naxos, une Naïade (nymphe aquatique), une Dryade (nymphe des forêts) et l’Écho s’inquiètent de voir la Princesse Ariane pleurer dans son sommeil, comme à son habitude (« Ach, wir sind es eingewöhnet »). Mais Ariane se réveille subitement, regrettant de n’être pas morte, et se remémorant l’abandon de Thésée qu’elle aimait incommensurablement (« Wo war ich ? Tot ? »). Zerbinetta et ses compagnons paraissent alors, cherchant par quel moyen ils pourront la consoler. Arlequin tente alors d’entonner une chanson sur la vanité de la douleur amoureuse (« Lieben, Hassen, Hoffen, Zagen »). Mais Ariane n’y prête pas attention, rêvant de voir Hermes, messager du Royaume des morts, venir à elle et l’emporter vers la délivrance du repos éternel (« Es gibt ein Reich, wo alles rein ist »).
Zerbinetta et ses compagnons chantent et dansent en vain afin de divertir la malheureuse amante (« Die Dame gibt mit trübem Sinn »). Zerbinetta reproche alors à la Princesse de se croire différente des autres femmes, lorsque toutes ressentent les mêmes sentiments. Elle moque également son rejet des hommes : les femmes ne sont-elles pas également enclines à goûter au plaisir infini de l’amour clandestin, malgré leurs sincères promesses de fidélité ? Pour elle en effet, un amour chasse l'autre, la laissant sans volonté (« Grossmächtige Prinzessin, wer verstünde nicht »). La belle, courtisée par ses quatre compagnons, fait d’ailleurs la démonstration des plaisirs de la frivolité et du pouvoir de la jalousie (« Eine Störrische zu trösten »).
La Naïade, la Dryade et l’Écho annoncent alors l’arrivée d’un séduisant jeune homme qui n’est autre que Bacchus, le dieu du vin. Les trois nymphes se remémorent son histoire (« Ein schönes Wunder ! »). Le dieu, tout juste échappé des griffes de Circé, fait alors son apparition (« Circe, kannst du mich hören ? »). Les trois nymphes se réjouissent que son cœur parvienne à parler à celui d’Ariane (« Töne, töne, süsse Stimme »). Si les deux âmes en peine se trouvent, Bacchus craint de trouver en Ariane une nouvelle Circé, tandis qu’Ariane pense retrouver Thésée avant de se raviser et de le prendre pour le messager de la mort (« Theseus ! Nein ! Nein ! »). Alors qu’Ariane espère trouver l’oubli dans la mort, Bacchus lui offre l’oubli sans la mort (« Wie schaffst du die Verwandlung ? Mit den Händen ? »). Ils se complètent ainsi et se transforment mutuellement, capables à présent de goûter au bonheur, et donnant raison à Zerbinetta (« Gibt es kein Hinüber ? »).