Gioacchino Antonio Rossini est né le 29 février 1792 à Pesaro en Italie d’un musicien d’orchestre (corniste) et d’une cantatrice. Stimulé par cet univers artistique, Rossini commence à étudier la musique à l’âge de 11 ans avec l’apprentissage du chant, de l’accompagnement au piano et du cor. Très rapidement il semble évident que le jeune garçon a des prédispositions pour la musique et, encouragé par ses parents, il poursuit dans cette voie. Dès l’âge de 12 ans, il s’intéresse à la composition musicale et à 14 ans, sous la direction de la famille Monbelli qui lui fait écrire les numéros un à un, il écrit son premier opéra intitulé Démétrios et Polybe (Demetrio e Polibe, 1806). Déjà dans cette première œuvre on perçoit l’influence de l’école allemande et en particulier de l’écriture de Haydn et de Mozart dans le style compositionnel de Rossini. Il termine ensuite sa formation musicale au « Liceo Musicale » de Bologne où il parfait sa connaissance du contrepoint avec le Padre Stanislao Mattei.

À la fois par goût et par nécessité, il cède au principe de réalité et se lance dans la composition d’un genre très en vogue à l’époque, celui de l’opera buffa. Malgré une orchestration trop lourde, sa première œuvre intitulée Le contrat de mariage (La cambiale di matriomonio, 1810) est un petit succès. Mais sa carrière commence véritablement avec le succès de son œuvre suivante Le quiproquo extravagant (L’equivoco stravagante) dont la création au Teatro del Corso de Bologne le 26 octobre 1811 fut triomphale. De cette première période compositionnelle ressort déjà sa tendance à réformer les genres. En effet, tout au long de ses premières œuvres il s’emploie à briser les formes traditionnelles de l’opera buffa en ornant les mélodies, en animant les ensembles et les finale, en intégrant des rythmes inhabituels, en donnant une plus grande importance à l’orchestre et en enlevant aux chanteurs leur toute-puissance. Son opéra La pierre de touche (La Pietra del Paragona, 1812), considéré comme le premier aboutissement de cette réforme, le révèle à l’échelle nationale. Le compositeur est fin près à écrire des œuvres majeures.

Avec Tancrède (Tancredi, 1813), Rossini s’attaque ensuite à la réforme du genre italien sérieux celui de l’opera seria afin de donner à ce genre une nouvelle dimension dramaturgique. Les principales transformations qu’il opère concernent les récitatifs (qu’il remplace par des déclamations lyriques) et l’orchestre (dont il amplifie le rôle notamment lors de ses interventions solistes). Sa création le 6 février 1813 à Venise au Grand Teatro La Fenice marque le début de la gloire pour le compositeur. Il confirme son talent avec la création à peine trois mois plus tard d’une nouvelle œuvre légère intitulée L’Italienne à Alger (L’italiana in Algeri). Dès lors, il alterne la composition d’œuvres sérieuses et comiques et en continuant dans les deux cas à les faire évoluer tant du point de vue stylistique que dramaturgique.

Elisabeth, Reine d’Angleterre (Elisabetta, regina d'Inghilterra, 1815) et Le barbier de Séville (Il Barbiere di Siviglia, 1816) constituent la synthèse des réformes du compositeur dans les deux genres italiens. Il se tourne alors vers d’autres genres comme celui de la tragédie lyrique française avec Othello (Otello) en 1816 ou du mélodrame La Pie Voleuse (La gazza ladra, 1817) et commence à les réformer à leur tour. En même temps, Rossini continue d’écrire dans les genres italiens et conforte son succès, notamment avec le dramma giocoso intitulé Cendrillon ou la bonté triomphante (La Cenerentola, ossia La Bontà in trionfo, 1817) ou le dramma per musica Armide (Armida, 1817).

Avec Moïse en Egypte (Mosè in Egitto, 1818) le style rossinien intègre manifestement de nouvelles influences notamment allemandes. Cette période de transition est couronnée par l’œuvre probablement la plus aboutie du théâtre rossinien – Sémiramis (Semiramide, 1823) –, mais qui s’est malheureusement heurtée à l’époque à l’incompréhension du public. Avec elle se clôt la carrière italienne de Rossini et s’ouvre celle de Paris. Après un bref séjour à Londres, le compositeur surnommé « Monsieur crescendo » débarque dans la capitale française en 1825, prend la tête du Théâtre-Italien puis s’attelle à la composition de sa première œuvre commandée pour célébrer le couronnement de Charles X : Le voyage à Reims ou l’hôtel du lys doré (Il viaggo a Reims, ossia L’Albergo del Giglio d’oro, 1825).

Fort du succès de sa première œuvre parisienne, Rossini devient compositeur du Roi et inspecteur général du chant en France. Cette nomination se conjugue avec la commande de cinq opéras dont seul Guillaume Tell (1829) verra le jour. Dès 1826, Rossini adapte son style aux inflexions de la langue française et compose une tragédie lyrique Le siège de Corinthe (1826), l’opéra Moïse et Pharaon ou le passage de la mer Rouge (1827) et un opéra-bouffe intitulé Le Comte Ory (1828). Ses ouvrages parisiens dénotent d’une nouvelle réforme du compositeur avec un abandon progressif des chants ornés (qu’il juge désormais froids et artificiels) à la faveur d’un nouveau genre de déclamation lyrique. Par ailleurs, afin d’être au plus près de la vérité dramaturgique, il développe le soutien orchestral aux lignes de chant. Guillaume Tell constitue la consécration de cette ultime réforme « parisienne » et ouvre la voie au grand opéra historique français, l'un des genres lyriques dominants du XIXe siècle.

En pleine ascension parisienne, Rossini stoppe sa carrière de compositeur d’opéra lorsqu’il perd la protection de Charles X à la suite de la Révolution de 1830. Il reste de ce compositeur une production variée et conséquente, d’une très grande qualité autant du point de vue stylistique que dramaturgique. Avec ses multiples réformes, le théâtre rossinien ouvre la porte à celui de Verdi, mais aussi de Meyerbeer, de Donizetti et de Bellini.