
Biographie
Renata Tebaldi
La soprano Renata Tebaldi est née à Pesaro le 1er février 1922. Ses parents se séparent avant sa naissance, et elle grandit avec la famille de sa mère. Elle contracte la polio à l’âge de trois ans. La convalescence est longue, et les séquelles durables, au point que durant toute son enfance elle ne peut guère faire d’activités trop physiques. Elle se concentre donc sur la musique, d’autant que sa mère est elle-même une excellente chanteuse, qui avait un temps nourri le projet d’en faire son métier, quoiqu’elle soit finalement devenue infirmière. Ainsi, Renata Tebaldi participe à la chorale de l’église, puis prend des cours de piano à Parme. Son professeur de piano lui conseille ensuite de se consacrer au chant, et elle entre au Conservatoire de Parme à l’âge de dix-sept ans, rejoignant un peu plus tard celui de Pesaro.
Elle fait ses débuts sur scène à Rovigo en Elena dans Méphistophélès d’Arrigo Boito en 1944. Deux ans plus tard, elle débute à Trieste l’un de ses plus grands rôles, Desdémone dans Othello de Verdi. La même année, elle est propulsée vers la gloire quand Arturo Toscanini, impressionné par ce qu’il appelle sa « voix d’ange », lui offre deux solos dans le concert de réouverture de la Scala. Elle chante ensuite trois rôles lors de la saison inaugurale de la Scala : Marguerite dans Andréa Chénier d’Umberto Giordano, Elena dans Méphistophélès (Boito) et Elsa dans Lohengrin de Wagner. Elle devient la soprano vedette de la Scala, y donnant notamment une Aïda (Verdi) très célébrée en 1950, avec Mario del Monaco en Radamès. La même année, elle part en tournée avec la Scala, faisant ses débuts au Festival d’Edinbourg et à Covent Garden en Desdémone (Othello). La même année, elle fait ses débuts américains en Aïda à San Francisco.
Mais Renata Tebaldi n’est bientôt plus la seule soprano star de Milan. En 1950, elle s’avère trop indisposée pour assurer sa performance d’Aïda, et aucune chanteuse locale ne peut rendre justice au rôle. La Scala fait donc venir en remplacement une certaine Maria Callas. C’est le début d’une longue rivalité alimentée par les médias. Dès lors, le public de la Scala se divise en deux camps, d’aucuns venant hurler « Viva la Tebaldi » aux performances de la Callas et vice versa. Peu après, une interview de Callas sans doute mal rapportée voit la diva grecque affirmer que la comparaison serait comme comparer « du champagne et du Coca-Cola ». Il semblerait que la comparaison portait en réalité sur du champagne et du cognac. Cette version plus diplomatique n'est d’ailleurs dénuée de vérité. Les deux chanteuses ont un style et un répertoire on ne peut plus différent. Si Callas est une soprano dramatique qui excelle dans le bel canto, Tebaldi est une spinto idéale pour le répertoire vériste et les Verdi tardifs. Si Callas sait faire des imperfections de sa voix une force dramatique, Tebaldi tire parti de la chaleur de son timbre et d’une technique sans faille. A part Aïda et les Puccini abordés par Callas comme Tosca, leurs répertoires sont donc on ne peut plus différents.
D’autant que bientôt, Renata Tebaldi délaisse quelque peu la Scala pour se recentrer sur le Met, où elle fait ses débuts en 1955 dans le rôle de Desdémone (Othello), de nouveau avec Mario del Monaco. Elle y revient fréquemment, malgré une année sabbatique en 1963 après une Adriana Lecouvreur (Cilea) dans laquelle sa fatigue vocale se fait apparente. Elle y revient en Mimi (La Bohème de Puccini), dans un triomphe général, quoique sa voix n’ait plus tout à fait le même éclat. Mais même une Tebaldi affaiblie reste une Tebaldi exceptionnelle, et pendant la décennie suivante, son succès est tel New York finit par la surnommer « Miss Sold-Out ». Elle y donne la plupart des grands rôles de Puccini (Mimi dans La Bohème, Madame Butterfly, Minnie de La Fille du Far-West, Tosca) et d’autres œuvres véristes (Andréa Chénier de Giordano, La Gioconda de Ponchielli), ainsi que dans des rôles verdiens comme Alice Ford (Falstaff), Amelia Boccanegra (dans Simon Boccanegra) ou Desdémone (Othello). C’est dans ce dernier rôle qu’elle fait ses adieux à la scène en 1973 au Met. Trois ans plus tard, elle donne son dernier récital. Elle meurt à San Marino le 19 décembre 2004. En 2010, une exposition dédiée à la Tebaldi ouvre ses portes au Château de Torrechiara à Langhirano, qui déménage en 2014 aux écuries de la Villa Pallavicino de Bussetto.