Mélisme(s) et Dulci Jubilo : anniversaires, de concert
Le Chœur de chambre Mélisme(s) fête ses 20 ans et le Chœur de chambre Dulci Jubilo ses 10 ans, alors les deux phalanges et leurs deux chefs ont décidé de les fêter ensemble, en une rencontre les réunissant sur un même plateau pour unir leur voix.
Dialogue de chefs, dialogue de chœurs mais aussi dialogue entre deux régions, deux publics, tout d’abord occitan (le concert a été donné à Toulouse le 12 décembre) puis breton : dans la ville de la chorale puînée puis dans celle de son aînée. Enfin, le dialogue s'installe entre passé et présent dans le choix des œuvres de ce programme mêlant un répertoire essentiellement de musique chorale allemande sacrée (Bach, Mendelssohn et Brahms) et deux créations contemporaines, l’une de Caroline Marçot et l’autre de Christopher Gibert, révélant des qualités indéniables de compositeurs parfaitement à l’aise avec l’écriture vocale et chorale. Du Jesu Meine Freude de JS Bach au Nunc Dimittis de Christopher Gibert en passant par le Geistliches Lied (chant spirituel) de Brahms, ce programme de musique sacrée peut paraître austère pour célébrer un anniversaire mais la connexion établie entre chanteurs et chefs liée au plaisir de chanter, établit progressivement une communion avec le public transformant ce concert en un moment à la fois festif et recueilli propice également à la célébration d’un autre anniversaire à venir, à quelques jours de Noël.
Les voix sont en perpétuelle évolution et dévoilent non seulement leur qualité d’adaptation par la complète homogénéité des deux ensembles unis, la variété de couleurs découlant de la diversité des timbres mais aussi la facilité de s’approprier le répertoire tout en réagissant sans hésitations à la gestique et les sollicitations de chaque chef, permettant même de les différencier.
Gildas Pungier se révèle dans le Te Deum de Mendelssohn par une lecture approfondie dans ses moindres détails de cette œuvre déroutante mêlant travail baroquisant des lumières vocales et polychoralité à la vénitienne tout en démontrant un savoir faire propre au compositeur allemand. De la fervente acclamation du « Te Dominum confitemur » au poignant « Miserere » entonné à tour de rôle par les chanteurs, tout palpite de vie dans la direction du chef. Des climats, des intentions sonores se succèdent avec évidence et irradient la salle comme si le chœur semblait respirer cette musique avec autant de précision que d’exaltation.
Christopher Gibert, quant à lui, par sa direction fluide mais précise, son sens de la grande ligne mélodique déployée avec plénitude, instaure un profond sentiment de communion rassemblant le chœur et les auditeurs, notamment dans les trois extraits du motet de Jean-Sébastien Bach Jesu meine Freude.
L’un comme l’autre ont le sens des textures sonores et colorées, le souci de la nuance, de l’articulation, une maîtrise de la dynamique autant que de la superposition des lignes notamment dans la mise en place des double chœurs, un contrepoint constamment lisible, la précision des interventions des solistes issus du chœur, une attention constante à la beauté du son toujours en lien avec le texte, de l’intention alternant célébration, jubilation, consolation.
Lorsque les pièces ne sont pas chantées a cappella, le chœur est accompagné d’un trio instrumental : violoncelle et contrebasse s’entrelaçant alors avec les voix ou marquant la rythmique, soutenus par l’orgue positif.
Après un « joyeux anniversaire » chanté par le chœur et le public, et des applaudissements chaleureux, les deux chœurs offrent un dernier chant, de Brahms, In Stiller Nacht (Dans la douce Nuit).