Nuit matinée avec La Palatine à Ambronay
Le jeune ensemble La Palatine révélé grâce au programme EEEMERGING+ au Centre culturel de rencontre d’Ambronay propose en cette matinée du dimanche « un concert nocturne pour finir sa nuit ». Une nuit de danse en plein jour, faite d’amour, de mystères d’espoir renouvelé pour le public plongé dans la salle Monteverdi comme dans un salon, invité par ce "quatuor à cordes instrumentales et vocales", comme ils aiment à s’appeler.
La soprano Marie Théoleyre se montre attentive à la prononciation, se libérant volontiers de sa partition pour s’adresser directement au public ou échanger sourires et regards avec ses acolytes. Son timbre riche et assez onctueux est agrémenté d’ornements vifs portant un phrasé souple et délicat. Elle sait doser ses nuances pour illustrer ses affects et toucher l’auditeur. Elle parvient de la même manière à adapter sa voix, de l'ancien français d’Antoine Boësset à celui désormais intemporel de Barbara. La chanteuse rappelle ainsi toute la tendresse des chansons françaises, qui peuvent verser soudainement dans des passions exacerbées (comme dans la musique baroque en somme).
La violiste Noémie Lenhof offre des parties mélancoliques, et en réponse à la voix lors de l’Amarante de François Richard. Tout autant flûtiste à bec que guitariste et théorbiste, Nicolas Wattinne semble caresser les cordes qu'il pince et marie la douceur de sa flûte à celle de la viole. Enfin, le touché du claveciniste Guillaume Haldenwang se fait limpide, grâce aux respirations dans son jeu, mettant bien en valeur les rythmes dansants de ces airs élégants et parfois très vivants.
C’est justement l’une de ces danses vivantes et particulièrement appréciées du public, « Si tu veux aprendre les pas à dancer » de Pierre Guédron, que l’ensemble offre de nouveau en bis, juste après avoir interprété ces paroles tout à fait à propos de la très belle chanson Septembre de Barbara : « Jamais la fin d'été n'avait parue si belle. […] Mais il faut se quitter, pourtant, l'on s'aimait bien. »