Nuits d’été, Soirée d’adieu au Festival de Montpellier
Des Mille et Une Nuits aux Nuits d’été
Le concert (dans le bien-choisi et nommé Opéra Berlioz au Corum de Montpellier) débute avec une surprise préparée par le chef d’orchestre danois : l’ouverture d’Aladdin, de Christian Frederik Emil Horneman, danois lui aussi, ami et contemporain d’Edvard Grieg. L’œuvre, composée en 1866, propose des pages pleines de fièvre et de mystère avec un pupitre de cordes trépidant alternant le jeu véloce et les pizzicati avec brio. Le foisonnement harmonique laisse soudain place à un solo de harpe accompagné d’un cor éthéré en sourdine. L’Orchestre semble s’en donner à cœur joie, sous la conduite énergique et attentive de Michael Schønwandt. Ses gestes sont précis mais jamais autoritaires, effectués avec une fascinante souplesse de poignet, surtout à la main gauche.
Vient ensuite le temps des Nuits d’été, chantées par Karine Deshayes. La mezzo-soprano se montre particulièrement en voix, sans forcer, toute en maîtrise et en résonances, suivant à la virgule près le texte de Théophile Gautier. Ses « r » sont discrètement roulés. Elle reste à son pupitre, mais n’oublie jamais de lever les yeux vers son auditoire, ni de se tourner sur sa droite et sa gauche. Le timbre est suave, le phrasé modulé avec émotion. De très légers à-coups soufflés sur ses attaques lui permettent d’accrocher des aigus délicats, parfaitement justes et timbrés.
… et pour finir : le compositeur de La Nuit transfigurée
En seconde partie de concert, l’orchestre joue une œuvre du premier Arnold Schönberg, avant la révolution musicale du dodécaphonisme (emploi des douze notes de la gamme chacune son tour). Le titre est assez surprenant : Pelléas et Mélisande, tiré de la pièce de Maurice Maeterlinck qui inspira Claude Debussy. Sous la plume de Schönberg, il ne s’agit plus d’une pièce chantée mais d’un poème symphonique. Des mouvements contrastés se perçoivent dans cette longue page, d’une ampleur et d’une intensité spectaculaire : les timbales sourdent dans un grondement abyssal, puis crépitent les sonneries des trompettes. Les bois sont particulièrement bien en place, dévoilant leurs dissonances avec une telle précision qu’elles sonneraient presque naturelles.
À la fin du concert, Michael Schønwandt est rappelé sur scène par l’assistance et les officiels. Il reçoit des remerciements appuyés pour ses huit années de service à la tête de l’Orchestre (auprès duquel il reviendra en invité). L’émotion est visible sur le visage du chef au moment de recevoir des mains du maire Michaël Delafosse le titre de citoyen d’honneur de la ville de Montpellier.
