Avant les clartés de l’aurore composé par Camille Pépin en temps de confinement (inspirée par Pouchkine, Debussy et Stravinsky) précède Les Nuits d'été de Berlioz (dont un vers de L’Île inconnue donne son titre à ce concert) et la Quatrième Symphonie de Beethoven (que Schumann décrivait comme “une menue dame grecque prise entre deux dieux nordiques”). Le programme remonte ainsi le temps et plonge dans la nuit, d’une manière mélodieuse, de plus en plus romantique, joyeuse et lumineuse. 

La mezzo-soprano Aude Extrémo met sa voix large et sonore au service des Nuits d’été de Berlioz, sur des vers de Théophile Gautier. Son timbre sombre et charnu s’accompagne d’une projection lui permettant d’atteindre chaque recoin de la salle, surpassant facilement l’orchestre dans les aigus bien soutenus et timbrés, comme dans les graves. Mais ce sont ses médiums-graves qui impressionnent le plus, pour leur profondeur, ornés d’un vibrato bien marqué et qui ne perd nullement en sonorité (surtout Sur les lagunes). Ses débuts et fins de phrase sont très soignés, et accompagnés d’un phrasé délicat, avec une longue tenue. La rondeur de sa voix riche en harmoniques et la texture soyeuse de son timbre, ajoutées à une interprétation élégante et à sa présence sur scène, confèrent à sa prestation une finesse envoûtante qui charme le public. Les quelques petits décalages dans le tempo au début de la Villanelle passent vite au second plan.

L’Orchestre National Avignon-Provence est dirigé par le chef Jean-François Heisser d’une battue claire et délicate, aux gestes rythmés, ronds et anticipés. Cette battue de fer maintient un tempo bien marqué, indiquant clairement ses souhaits tout en suivant et soutenant la chanteuse attentivement à tout moment. L’Orchestre déploie un jeu défini et d’une texture instrumentale sophistiquée, avec des nuances bien exécutées et une grande souplesse. Les musiciens installent ainsi une ambiance légère et bondissante dans certains morceaux, leste et douloureuse dans d’autres.

Le public salue longuement les artistes et rappelle plusieurs fois la chanteuse avant l’entracte ainsi que le chef et les musiciens de l’Orchestre à la fin du concert.