Transfigurations en ouverture de saison orchestrale à l'Opéra de Lyon
Le public lyonnais accueille chaleureusement l’Orchestre de l’Opéra de Lyon et son chef dès leur entrée sur scène. Pour marquer ce concert d’ouverture de saison, leur directeur musical Daniele Rustioni propose un concert sous l’augure de deux des plus grands compositeurs post-romantiques viennois et allemand : Arnold Schoenberg et Richard Strauss, réunissant la Nuit transfigurée de ce premier, Mort et transfiguration ainsi que les Quatre derniers Lieder et la Suite du Chevalier à la rose de ce second. Les craintes et les tourments des artistes s’imaginant au crépuscule de leur vie ou de leur amour vivent la transfiguration artistique, promesse d'un monde nouveau.
L’orchestre, d’abord réduit aux cordes, propose une pâte sonore homogène, avec des contrastes et couleurs feutrés. La direction du chef italien y est bien évidemment toujours très attentive, en faisant montre d'une gestuelle passionnée mais non moins raffinée. L’auditeur est alors pleinement préparé pour entendre la soprano étasunienne Sara Jakubiak qui interprète les Vier letzte Lieder (Quatre derniers Lieder) de Richard Strauss. Ses contrastes vocaux sont guidés par l’expressivité d'une voix projetée, avec présence et équilibre. Le velouté de ses graves se retrouve dans les médiums et aigus avec brillance (à l’image de sa robe argentée). Le tempo se fait toutefois un rien trop lent mais sa concentration reste vive afin d’offrir un soutien toujours aussi constant et la maîtrise de son souffle (bien qu’elle perdre un peu en puissance, surtout dans les graves). Scéniquement et vocalement expressive, elle aurait toutefois pu marquer davantage les consonnes allemandes pour emporter (dans) le texte.
Le concert se referme sur la Mort et transfiguration de Strauss, alternant entre charme et dramatisme, tantôt telle une caresse, tantôt une chevauché héroïque sous la direction souvent pleine de fougue de Daniele Rustioni qui entraîne ses musiciens vers les plaisirs de la valse (dans la suite du Chevalier à la rose).
Le public les remercie avec enthousiasme, lançant de nombreux bravi, saluant particulièrement le tromboniste Gilles Lallement, dont il s'agit du dernier concert, qui reçoit sur le devant de la scène un beau bouquet sous les applaudissements de ses collègues. Ceux du public sont encore longs avant que le charismatique chef ne lui dise au revoir.