Le Festival parisien Jeunes Talents 2021 se clôture dans la joie
Un des rares événements survivants de l'été dernier (2020), période alors naïvement désignée comme "post-covid", le Festival des Jeunes Talents du quartier parisien du Marais échappe de nouveau à la fermeture en cette année 2021. Le Festival propose 12 concerts variés et éclectiques, toujours foisonnant de jeunes artistes prometteurs, comme son nom l'indique. La présente édition se clôture dans une joyeuse ambiance pleine d'un feu d'artifice musical, malgré la pluie (le concert étant déplacé de la Cour de Guise des Archives Nationales à la Cathédrale Sainte Croix des Arméniens), sans pourtant diminuer l'optimisme général que dessinent les visages des organisateurs, artistes, ainsi que du public. Le concert commence avec un petit retard, l'impatience devient palpable, mais la joie s'avère d'autant plus grande une fois les artistes entrés sur scène.
La programmation de la soirée s'annonce éclectique, mais son contenu se révèle trop varié, tel un pot-pourri sans véritable fil conducteur. Il y a un peu de tout dans cette casserole musicale, de l'opérette et des comédies musicales, aux airs de grands opéras, jusqu'aux opéras-comiques français et italiens (belcantistes). La traversée des siècles (du XXe et XXIe au XIXe siècle), les passages de la dérision straussienne (Johann Strauss fils) à la mélancolie de Rachmaninov : ce programme répond aux goûts de chacun et dévoile une palette de styles et personnages que les deux chanteurs préservent dans leurs répertoires respectifs.
La mezzo-soprano Marine Chagnon se présente en multiples rôles, allant de la séductrice Carmen jusqu'aux personnages travestis (Les Huguenots de Meyerbeer et La Chauve-Souris de Johann Strauss II), par une voix puissante et lumineuse qui s'épanouit dans le registre aigu. Si le début en duo la montre plus réservée et sa prononciation moins distincte, elle retrouve son jeu par la suite. La clarté de son français et de l'allemand, jointe à un jeu d'actrice souvent en interaction avec les spectateurs lui permet de faire passer l'émotion vers le public. Son instrument est techniquement bien soutenu (les vocalises et arpèges remarquables), tant en solo qu'en duo à travers la variété de genres.
Son collègue ténor Bastien Rimondi dégage une sonorité lyrique et chaleureuse, soutenue par une force vocale qui se démarque dans la voix poitrinée tandis que les aigus sont parfois vacillants et poussifs et que les suraigus le laissent essoufflé. Son atout majeur est le phrasé pétri avec tant de délicatesse qu'il ne manque point de le mettre à l'honneur tout au long de la soirée. "Ne poy krasavitsa" ("Ne me chante plus ma belle") de Rachmaninov est l'apogée de son expressivité, émouvante et savamment dosée.
Timothée Hudrisier au piano se présente comme un accompagnateur soliste, musicien qui parvient intelligemment à marier ces deux qualités dans sa prestation. Si au début le jeu de pédale est en disharmonie avec les chanteurs et l'acoustique, le reste du concert passe dans un juste équilibre, avec une remarquable Mazurka de Mel Bonis qui couronne son travail méticuleux.
Le concert se conclu par la chanson-titre du programme, "Y'a d'la joie" de Charles Trenet, au grand bonheur du public qui acclame les artistes à grand bruit et salue toute l'équipe d'organisation pour leur travail merveilleux et dévoué.