Chanson perpétuelle à Royaumont, Poésie et musique au salon
Assumant la totalité du concert, le Quatuor Van Kuijk fait office de fil rouge dans ce concert, tout comme l'identité des compositeurs défendant leur patrimoine : sous la figure tutélaire de César Franck (belge, naturalisé français), ses élèves-héritiers Maurice Ravel, Ernest Chausson et Guillaume Lekeu sont mis à l'honneur. Le Quatuor de Ravel est donné avec un grand dynamisme, une énergie mais des nuances fines et maîtrisées. L’équilibre entre les pupitres repose sur une grande complicité d'écoute et de regards, dans les respirations et le partage évident du plaisir de faire musique ensemble.
Le pianiste Alphonse Cemin (habitué à accompagner la voix, notamment en tant que directeur artistique des Lundis musicaux à l'Athénée, ou comme chef de chant pour l'Opéra de Paris) se joint au quatuor pour interpréter le Quintette de César Franck. Une richesse toute lyrique se dégage de leur jeu collectif (la coordination entre le quatuor et le piano révélant les différences de couleurs subtiles sans que personne ne domine l'autre), avec le toucher très élégant et plein de nuances dans le phrasé pianistique.
Éléonore Pancrazi se joint au quintette et donne de la voix pour les deux autres opus (Chanson perpétuelle d'Ernest Chausson et Nocturne de Guillaume Lekeu). Son mezzo-soprano est léger et plein de nuances, audible sans besoin de jouer la concurrence sonore. Le grave est nourri, l'ensemble de l'ambitus dispose d'un réservoir de largeur au service d'une prononciation nette. Pourtant, et malgré sa grande variété de couleurs, l'incarnation reste plutôt collée sur le papier de la partition qu'elle suit. La voix vibre certes mais l'esprit des textes aurait pu atteindre davantage les cimes de cette belle salle.
Notamment portée par sa Victoire de la Musique Classique en tant que Révélation lyrique 2019, Éléonore Pancrazi est à retrouver dans pas moins de quatre spectacles sur notre billetterie : réservez ici vos places