Le dôme étoilé de l’Éléphant Paname -proche de Garnier- n’attend qu’une étoile pour filer vers un royaume musical aux saveurs d’Orient. La superbe vocale de Joyce El-Khoury (qui vient de triompher outre-Manche avec Roberto Devereux) et la touche élégante d'Antoine Palloc au piano mènent le public à la découverte d’un répertoire très particulier. Bizet, Fauré, Chausson, Ravel, se succèdent avec des arias françaises bien sûr mais aux pointes arabo-andalouses pour céder ensuite la place à un répertoire libanais, absolument. Le compositeur Bechara El-Khoury (homonyme de la chanteuse et présent dans la salle) se fait connaitre grâce au chant d’amour, aria offerte en exclusivité à la chanteuse. La soprano raconte au public l’histoire de sa rencontre avec le compositeur et les anecdotes qui menèrent à la constitution du répertoire de ce soir. Dès sa jeunesse, l’artiste désirait chanter un jour sa musique partageant ses racines et le fil des émotions partagées ne s’arrête pas là, mais se resserre encore pendant la présentation des dernières chansons que son « grand-papa » chantait durant sa jeunesse (il s’agit des compositeurs Nassif, Rahbany, Hankash).

Habillée d’une "petite robe noire", Joyce El-Khoury enchante visiblement le public par son élégance, la beauté et la grandeur de sa voix, mais aussi pour ses qualités techniques et interprétatives rares. La soprano place chaque note, exprime chaque moment, invite le public à se faire protagoniste -par son visage expressif- dans chaque histoire racontée. La ligne de chant est chaude, le timbre est assis sur le registre de poitrine convoquant l'ancrage de la divine (La Callas). Le relief s'épaissit avec l'interprétation au piano, dialogue qui offre une intéressante clef de lecture à ces musiques par l’élégance du geste. Antoine Palloc se fonde particulièrement sur la voix de la soprano, en une voix commune d'émotions animées.

Entre les fleurs et l’enthousiasme du public, l’Éléphant Paname vibre de cet Instant Lyrique.