Berlin, Händel et ses chœurs à l’honneur à l’Auditorium de Lyon
Sous la direction de leur chef principal Justin Doyle, le RIAS Kammerchor (Chœur de chambre de la Radio de Berlin), propose au public lyonnais une sélection de chœurs extraits d’oratorios du compositeur germano-britannique, qui savent aujourd’hui encore électriser les foules des stades et magnifier les cérémonies royales. Pour l’accompagner, le chœur peut compter sur sa fidèle collaboration avec l’Akademie für Alte Musik Berlin (Académie de musique ancienne). La soprano et membre du chœur Stephanie Petitlaurent, dans un français impeccable, intervient ponctuellement pour présenter brièvement la biographie de Haendel et le contexte de composition des œuvres. Néanmoins, malgré cette intention, la construction de ce programme ne fait apparaître aucune cohérence substantielle. Les morceaux jouent certes parfois sur les contrastes dans les effets de masse chorale, mais détachés de leur contexte dramatique, la lassitude tend à s'installer au fil du concert.
Cela n’enlève toutefois rien aux qualités de ces deux ensembles reconnus. Le RIAS Kammerchor impressionne d’emblée par son investissement. Discipliné, il change fréquemment de disposition en fonction des extraits, profitant des moments instrumentaux sans les perturber. Les 35 membres du chœur montrent particulièrement une qualité d’homogénéité lors des moments a cappella avec des intentions de couleurs, notamment dans les piani sombres du He sent a thick darkness (Il répandit une profonde obscurité) d’Israel en Égypte. Les intentions telles que celle-ci ne manquent pas et produisent leur effet, la concentration reste constante mais peut-être même trop : l’intonation se crispe quelque peu et les nuances se restreignent en contraste avec l’orchestre éclatant lors du Recall, O King de Belshazzar. Les instrumentistes multiplient les suggestions descriptives : la myriade de mouches aux violons et la tempête qui suit illustrent les plaies d’Égypte. L’équilibre et la clarté de l’ensemble permet de distinguer chaque voix fuguée (ce qui est capital pour l’Ouverture de Alexander’s Feast), sans écraser les parties secondaires.
Justin Doyle se montre attentif aux détails, par sa présence toujours en éveil, ses poignets aux gestes rebondis ou droits, son investissement justement dosé en fonction des passages. Il sait afficher une confiance presque passive, se reculant et se tenant à la barre de son podium, ou très investi, se mouvant tel un danseur.
Le public heureux de ces moments glorieux se voit offrir un superbe bis, le très à propos extrait d’Alexander’s Feast, « The many rend the skies with loud applause, So love was crown'd, but music won the cause. » : « Sous les applaudissements les nuages se dissipent, l’amour fut couronné mais la musique fut triomphante. »