De derrière le rideau : C’est la rentrée !
Comme chaque année, la période des vacances est propice aux bonnes résolutions, que nous prendrons, c’est sûr cette fois, dès la rentrée. Et, comme chaque année, nous avons beaucoup de mal à passer à l’acte. Non ? Si ce n’est pas le cas pour vous, je suis preneur de vos recettes, afin de rejoindre votre caste dont les membres sont à coup sûr triés sur le volet. Je suis partant pour une petite leçon de savoir vivre pleinement ses résolutions estivales, directement sur ce site (dans l'espace de commentaire du bas de la page), qui tient ses promesses. Pour une fois, celles-ci n’engagent pas que ceux qui les lisent ou les écoutent, mais bien ceux qui les profèrent. Comme une parodie d’un célèbre débat politique, je dirais volontiers : moi chroniqueur, je tiendrai mes promesses, et je suivrai vos conseils, à la condition, bien sûr, que vous en formuliez ! D’accord ?
L’été des festivals a été particulièrement riche et nul doute que vous, qui vous intéressez à l’art lyrique, avez su en profiter. Partout, ou presque, les salles, les théâtres en plein air ou les sites les plus improbables, ont fait le plein. Le plein des sens, tant la programmation cette année était particulièrement riche et attrayante ! Toutes les promesses émises par les organisateurs de tous ces festivals ont été tenues, et bien au-delà, tant et si bien que les bornes qui définissent d’ordinaire l’expression des artistes n’avaient plus de limites ! Ils ont tous pris la ferme résolution d’offrir l’an prochain une programmation encore plus éblouissante ! Alors, nous jugerons sur pièce et serons vigilants sur les conditions de réalisation.
En effet, pas question que le dopage vienne contrarier la qualité des prestations des artistes. Imaginez toutes nos plus grandes voix, nos plus grands musiciens et chefs d’orchestres sous les effets des Calissons à Aix, de la Bohémienne à Orange, d’un grand Bourgogne à Beaune ou d’huitres irrésistibles à Dinard ou à Belle-Ile en mer, obligés de rendre des comptes, d’accepter tous les contrôles ! Impossible ! Quoique… Si les spectateurs peuvent bénéficier aussi des effets enviables de ces produits dopants, alors nul doute que la qualité d’écoute des festivaliers en sera augmentée.
Enfin, à ce moment là, il y aura une alternative pour tous les sportifs de la terre qui trichent en absorbant des produits en vente presque libre dans toutes les pharmacies qui se respectent. Au lieu d’absorber, ils goûteront ! Ils mettront bien sûr un peu plus de temps pour monter au sommet du Mont Ventoux, mais, sur leur bicyclette, eux qui ont toujours la tête baissée pour avoir l’air d’un coureur, la lèveront, découvriront ces routes magnifiques dont ils ne connaissent que le goudron, et se laisseront envahir par toutes ces voix éternelles qui monteront de la vallée. Les oreillettes dont on les affuble maintenant, diffuseraient les plus grands airs du répertoire, les faisant dodeliner de la tête aux rythmes proposés par Rossini ou Massenet. Les performances seraient peut-être moins spectaculaires, mais l’authenticité deviendrait la grande reine sans pour autant dévaluer la petite ! On peut rêver, c’est la rentrée, ou mieux, prendre des résolutions.
Chiche ?
Retrouvez la précédente chronique de Philippe Marigny : Choisir sa voie avec sa voix