Bilan 2015-2016 pour l'Opéra de Lille : création et innovation
L'Institution lyrique Lilloise a notamment commandé à Wolfgang Mitterer l'opéra Martha et l'a fait jouer 5 fois, un nombre relativement important pour une œuvre contemporaine, alors que les opéras de région ont la triste habitude de ne programme qu'une fois ces nouveautés avant de les oublier. Le taux de remplissage pour cet opéra mystérieux s'en fait certes ressentir : à 59,4%, il tire vers le bas les bons chiffres des autres productions. C'est donc l'exigence de la programmation qui explique le taux global de remplissage à 82% pour la saison 2015-2016 de Lille, les créations côtoyant les cartons pleins du bel canto. Preuve en est, Le Trouvère de Verdi n'aurait pu mieux trouver son public, remplissant complètement l'opéra avec 10.000 spectateurs pour neuf représentations.
Tous à l'Opéra de Lille en 2015 (© DR)
L'Opéra de Lille peut également se targuer d'avoir coproduit Le Monstre du labyrinthe de Jonathan Dove, créé en 2015 à Aix-en-Provence et d'y avoir déployé toute la mesure de ses activités pédagogiques avec la participation de 25 étudiants de l'ESMD (École Supérieure Musique et Danse Nord de France), mais aussi 250 amateurs de la région dont une cinquantaine d'enfants de "Finoreille", un projet de reconquête d'un nouveau public. Globalement, les actions de rayonnement culturel auront permis de toucher 10.000 personnes de la région, au sein de 131 établissements scolaires et de 45 structures sociales.
Marie-Eve Signeyrole répète Le Monstre du Labyrinthe (© DR)
Pour la deuxième année, l'Ensemble Le Balcon a créé un opéra, Avenida de los Incas 3.518 (la saison précédente, cet ensemble avait donné l'opéra de Péter Eötvös justement intitulé Le Balcon et ils viennent de créer Le Premier Meurtre dont vous pouvez retrouver notre compte-compte ici), tandis que Daniel Linehan célébrait sa dernière année de résidence avec dbddbb "dont la seule musique est émise par le corps et les voix des danseurs".
Les réimaginations sont aussi une part importante de la créativité de l'Opéra du Nord de la France, comme ce ravissant Orfeo de Monteverdi réimaginé par Sasha Waltz avec danseurs, chanteurs et musiciens sur scène (lire notre compte-rendu). La recréation, après 3 siècles et demi du Xerse de Cavalli avec les intermèdes dansés composés par Lully dans la version parisienne est un autre fait marquant et innovant de la saison. Cette recréation est un événement à retenir, en raison de l'importance historique de l'œuvre : Xerse marque la naissance de la tragédie lyrique, qui fait la transition entre l'opéra italien et l'opéra à la française. Retrouvez tous les détails de cette production sur notre page dédiée, puis en cliquant sur chacun des artistes.