En 2009, l'Opéra de Rennes diffusait Don Giovanni de Mozart dans trois villes. Après L'Enlèvement au sérail de Mozart en 2011, La Traviata de Verdi en 2013, et La Cenerentola de Rossini l'année dernière, ce seront 24 villes à travers le territoire breton qui retransmettront la Carmen de Nicola Berloffa en direct le 8 juin (pour l'instant, ce sont des opéras célèbres qui sont ainsi diffusés, mais Rennes se fixe pour objectif de faire découvrir des opéras moins connus).

Retrouvez notre compte-rendu de cette Carmen cinématographique signée Nicolas Berloffa

... ainsi que notre entretien avec le metteur en scène

Dans le chaleureux Foyer du Théâtre lyrique, nous avons échangé avec Rozenn Chambard (Secrétaire Générale de l’Opéra de Rennes, en charge des actions de rayonnement pour l'Opéra : communication, relations public, presse et mécénat). Avec elle, nous sommes revenus sur cette Carmen, le point d'orgue d'une saison mais également des actions d'ouverture au public et de la mission de décentralisation de l'institution lyrique. Les opéras voyagent ainsi dans de nombreuses villes, grâce à des tournées annuelles de spectacles effectuées jusque dans les toutes petites communes. C'est le chef de chœur Gildas Pungier qui effectue les transpositions : L'Italienne à Alger de Rossini pour une douzaine de musiciens ou prochainement Le Médecin malgré lui de Gounod pour trois musiciens seulement. L'opéra peut alors accéder à des MJC et petits lieux associatifs. Carmen aussi a voyagé dans les quartiers, le métro, même une patinoire ou un parking (l'opération "Carmen se lâche").

Deux temps forts de ces médiations ont eu lieu lors de "Tous à l'Opéra" (dont nous vous avons parlé ici), et "Opéra ouvre-toi" (à retrouver là), avec notamment des ateliers de chant participatif sur les célèbres thèmes de Carmen. Des événements qui refusent du monde (1.500 personnes en un après-midi, la même affluence remarquable que les 3.000 personnes en un week-end pour les journées du patrimoine).

Opéra de Rennes sur grand écran

Les données techniques sont aussi importantes dans la réalisation d'un tel projet. L'Opéra de Rennes offre et apporte ainsi le signal à chaque ville, en lien avec France 3 Bretagne et le maillage TNT de TV Rennes.

D'ailleurs, les médiations et actions de démocratisation de l'Opéra se distinguent par deux aspects : les nouvelles technologies et une créativité bouillonnante.

Carmen de Bizet et l'Opéra de Rennes dans Minecraft

Les projets seront présentés le jour de la diffusion. Parmi eux, la start-up "3 hit combo" recrée Rennes dans Minecraft (un célèbre jeu vidéo permettant de construire des univers, à la manière de lego numériques). L'extérieur de l'Opéra existait dans le jeu et les participants ont construit des cavités sous l'opéra : l'occasion d'inviter le public à "se lâcher" sur le thème des dessous de l'opéra. D'autres entreprises innovantes se sont fédérées autour de ce projet, dont Dazzle (les Dazzlers enverront leurs vidéos en temps réel, et elles seront diffusées à l'entracte : la région verra ainsi Rennes, comme Rennes verra la région), également Cosmic Garden, un collectif de designers et ingénieurs qui travaillent aux outils permettant à chacun de recréer sa propre Carmen, ou encore ESI Group qui offrira la visualisation d'une scène à 360° pour s'imprégner du drame.

L'Opéra de Rennes en réalité virtuelle

Cette Carmen sur grand écran, point d'orgue de la saison était également l'occasion de faire un bilan sur une année au taux de remplissage frôlant les 100% et marquée en ouverture par la création mondiale de L'Ombre de Venceslao (retrouvez ici notre compte-rendu).

Le temps était aussi à dessiner les perspectives prochaines. Tout d'abord l'avenir de l'établissement : un rapport sera rendu à la rentrée sur les rapprochements avec Angers-Nantes Opéra, qui pourrait aller jusqu'à recommander une fusion avec Rennes en vue de former un Opéra National (ce que nous confirmait Alain Surrans, le directeur de Rennes fraîchement nommé directeur de l'ANO et dont le projet avait pour axe majeur le rapprochement des institutions).

Enfin, Rennes va se rapprocher de Paris : la ville ne sera plus qu'à 1h25 en train. L'Opéra n'attend pas spécialement d'afflux parisien parmi son public essentiellement régional, mais le trajet s’avérera plus évident pour les artistes, les metteurs en scène et la presse.

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