La Veuve Joyeuse à Nice : l’Air de Vilya
Notre précédent Air présentait l’entrée en scène de la Veuve joyeuse, star hollywoodienne débarquant à l’ambassade du Pontevedro installée dans l’Opéra de Nice tout entier, nous avons également présenté le plus célèbre passage de cette partition : L’Heure exquise célébrant l’union finale entre les deux personnages principaux.
Mais entre ces deux moments, la soprano chante un autre bijou : “L'Air de Vilya”, dryade aux yeux mystérieux que nous présente son interprète niçoise Camille Schnoor : “Cet air est aussi un chef d'œuvre, très connu mais très contrasté avec le début de l'œuvre car il est très calme. La difficulté de cet air tient dans sa beauté et son apparente simplicité : comme dans des airs mozartiens, il doit paraître évident et facile alors que c'est tout l’inverse. Hanna va même aller jusqu’à danser dans le second finale, il faut donc pouvoir vraiment projeter la voix sur un caractère enjoué, dans une tessiture aiguë avec des coloratures (sans jamais perdre son souffle). La dernière note de cet air est ainsi un si naturel qui doit finir pianissimo.
Cet air rappelle aussi combien cette partition est exigeante vocalement dès l’acte I, et tout l’acte II doit être dans la projection de la voix pour rester fraîche jusqu’au bout. J’explique toujours que La Veuve joyeuse est l’un des rôles les plus difficiles. J’ai aussi chanté Butterfly qui est l’un des rôles les plus exigeants et omniprésent au long de l’opéra mais pour moi La Veuve est un équivalent (d’autant qu’on ne s’en rend pas compte de l’extérieur) : il faut chanter pleinement tout en gardant toute la flexibilité de la voix. La Veuve demande elle aussi une très grande préparation, disposition, forme vocale : il faut beaucoup chauffer, toute son étendue et notamment les médium-graves, pour aller chercher la projection. Il faut aussi préparer sa voix parlée, l’opérette demandant une transition entre chanté et parlé, ce qui est plus complexe pour les femmes car nous n’allons pas parler à la même hauteur que le chant, ce serait étrange !”
La soprano voisine (avignonnaise) Julie Fuchs interprète ici au disque L'Air de Vilya qui est une nouvelle métaphore de la relation entre Hanna et Danilo, du pouvoir de celle-ci :
"Vilya, ô Vilya, ô mon cher tourment, Écoute la voix de ton pauvre amant. Vilya, ô Vilya, prends pitié d'un cœur Qui, d'amour, languit et se meurt ! "
Une production à retrouver à l’Opéra de Nice les 3, 4 et 5 décembre 2021 dans le cadre de la XXème édition du Festival d’Opérette de la Ville de Nice.
Pour naviguer parmi les Airs du jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- L'ouverture et l'orchestration
2- Une Heure exquise
3- L'entrée d'Hanna en star Hollywoodienne
4- L’Air de Vilya
5- Entrée de Danilo
6- Camille et Valencienne, acte I
7- Camille et Valencienne, acte II
8- Camille et Valencienne, conclusion
9- Les grisettes
10- Femmes, femmes, femmes !